Mens sana in corpore sano [Stephen&Billy]

MENS SANA IN CORPORE SANO.

Maître Jedi.

Dans un décor de guerre, Billy court aussi vite que ses jambes lui permettent. Respirant à grandes bouffées, il maudit sous son souffle, son corps est toujours bien petit pour son âge. Cette poussée de croissance aurait été d’une grande utilité maintenant. Utile pour fuir, vite, loin. Il court tandis qu’autour de lui, c’est l’apocalypse. De la fumée sort des hauts bâtiments, les flammes lèchent les étages à proximité pour s’y faufiler et tout ravager. Plus bas, le goudron est retourné, des crevasses énormes ouvertes telles des plaies dans le sol. Billy court, trébuchant souvent sur le sol loin d’être facile à fouler. Sur sa route, il croise des démons, des humains, vivants et morts. Le lycéen n’a pas le temps de regarder si un visage familier est parmi eux, car il est poursuivi par un géant de lave et ses acolytes volants qui n’ont d’yeux que pour lui. Dans son subconscient, il se rappelle vaguement d’avoir déjà vécu une situation similaire, mais la situation ne lui laisse pas le temps d’y songer. Deux objectifs, fuir, rentrer et protéger sa famille. La lave glisse à sa suite aussi vite qu’une voiture de luxe roulant à toute vitesse. Le démon va bien plus vite que lui et ses maigres jambes, il le rattrape. Billy panique, il trébuche sur quelque chose et s’écrase derrière. Roulant au sol jusqu’à finir sur le dos, son visage est naturellement orienté dans la direction d’où il vient et il tombe sur un visage familier entouré d’une longue chevelure. Le visage de Billy se décompose, le danger disparaissant de sa conscience, il rampe furieusement jusqu’au corps et prend le visage entre ses mains. Voyant de base le visage de sa mère, le corps change d’identité pour prendre le faciès d’une personne beaucoup plus récente dans la vie du garçon. Ses émotions sont à l’envers, il ressent une profonde tristesse pour une mère, pas la bonne. Des cheveux argentés tachés par le sang tombent sur un visage doux et inconscient. À vrai dire, à partir des plaies béantes sur tout le corps de la femme, il est peu probable que ces yeux verts ne s’ouvrent à nouveau... « NON ! » Un cri déchiré s’échappe des lèvres de Billy, attrapant le col de la tunique, sa tête se posant sur son propre bras avant de sangloter. Il aurait pu la sauver... D’un coup, tout change et il se retrouve à nager dans le néant. Clea a disparu, New York a disparu, la Terre a disparu et sa maison est inaccessible. Seul dans le côté clair de la force, il repère des créatures ailées à ses trousses, volant bien plus vite que lui, l’adolescent se retrouve à gesticuler pour s’éloigner comme il peut. Son cœur bat à tout rompre tandis que la distance est réduite à rien.

Ses yeux s’ouvrent brusquement, dans la réalité cette fois à en croire le décor à présent familier qui rencontre ses yeux. Sa nouvelle chambre l’accueille avec un calme mortel comme après chacun de ses cauchemars. Haletant, le garçon constate une fine couche de sueur froide recouvrant sa peau. Ses poumons sont en feu et ses yeux, légèrement humides. Sa main vient attraper le bas de son tee-shirt et il essuie son visage brusquement. Ses poumons sont serrés d’un effort physique inexistant et d’une émotion perturbée dans la contradiction. Par surprise, une voix grave se fait entendre au bas de son lit. Ébahi, Billy regarde Stephen, soigneusement installé dans un fauteuil tandis qu’il entame un discours pour lequel l’adolescent n’est absolument pas prêt. Il arrive à comprendre certaines choses, bien qu’une partie lui échappe alors qu’il se remet encore de son cauchemar et des images de mort. Presque tout lui échappe, jusqu’aux dix minutes. Pour faire quoi ? Se lever ? C’est bien long ou... Oh, oui, me préparer... Me préparer pourquoi ? Il cligne des yeux comme un hibou pendant quelques secondes tandis que l’homme sort de sa chambre tel une diva à la Severus Rogue avec sa cape flottante. Son corps se met finalement en marche automatique et il va vite se rafraîchir le visage avant d’essuyer sa sueur rapidement, si seulement il avait le temps de prendre une vraie douche. La tunique à présent familière est vite enfilée plus ou moins bien. Son pied gauche trouve rapidement son chemin dans la basket toute neuve appropriée. Le second pied en route pour le même destin, le garçon décide finalement de quitter la chambre en tenant la seconde chaussure dans une main pour aller plus vite. Son pied vêtu d’une chaussette glisse sur le parquet, le sol est tellement propre que le lycéen réussi un beau dérapage au bas des escaliers pour arriver au point de rencontre, frôlant de se manger le mur collé aux marches. Détail.

Face à lui, surplombant une vingtaine d’innocentes marches, Stephen. L’homme l’attend impérieusement, le toisant de sa hauteur additionnée à l’étage qui les sépare. Billy avale nerveusement en regardant l’homme au regard froid. L’adolescent n’arrive toujours pas à décider quoi penser de lui, car le magicien a beau être distant, le garçon n’arrive pas à se débarrasser d’un sentiment, un instinct lui signalant qu’il y en a plus sous cette carapace de grand méchant loup. Arrivant parfois à capter certains regards, des hésitations légères, tellement furtives qu’il a souvent l’impression de les imaginer. Et puis l’homme a été sorcier suprême et il aide toujours les gens, il combat pour le bien lors des crises, cela doit faire de lui une bonne personne n’est-ce pas ? Le côté fanboy en lui refusait de croire que Stephen est un simple connard. Un connard ne prend pas d’apprenti, un connard ne recueille pas les enfants dans les rues. Par contre, le connard est une espèce qui pourrit la vie sans pression, détruisant votre sommeil et forçant un réveil agité. Tandis que la conscience lui revient progressivement, Billy remémore un vague souvenir de Stephen, dans ses rêves, là où il ne devait pas être.

N’arrivant plus à tenir le regard, il enfile sa chaussure à cloche-pied et baisse les yeux sur l’escalier devant lui, déterminé à monter sans rencontrer les yeux de l’homme. Il est trop peu réveillé pour tenir un regard aussi effrayant que celui du magicien. Sauf que... Ses pieds sont en mouvement, son corps est en mouvement, il ressent l’effort et pourtant, il n’avance pas. C’est quoi ce délire ? L’adolescent a d’abord le réflexe d’accélérer, mais bien vite cette idée le quitte. Soupirant, il regarde le plafond et tranquillement dépité, le corps droit, les bras le long du corps, il laisse l’escalier le ramener à sa base. Comprenant à quoi il a affaire, son cou ramène sa tête à sa position d’origine. Scrutant l’escalier, il se décide à taper un sprint, montant les marches deux à deux pendant quelques secondes. C’est un échec, il abandonne et se laisse à nouveau glisser jusqu’en bas en reprenant son souffle. Inspirant un coup, il scrute l’escalier et ses composants. Le magicien a décidé de jouer un tour au plus jeune, mais l’apprenti n’a pas dit son dernier mot ! Tranquillement, il s’approche de la rambarde et vient caler un pied entre deux barreaux de bois. Avec prudence et en se tenant les mains à la rambarde, il met son pied entre deux autres barreaux un peu plus haut. Retirant son pied du bas, il vient croiser les jambes pour caler son pied au-dessus de l’autre. Retirant son pied droit d’en dessous, il répète le processus, un sourire fier douloureux pour ses joues engourdies du matin. Le haut est proche, le garçon s’en approche et il sent l’adrénaline qui vient avant la réussite jusqu’à ce que toute la rambarde bouge soudainement vers la gauche, en emmenant son passager clandestin tellement vite vers le bas qu’il en perd ses appuis et tombe sur le cul à l’étage du bas. Très bien ! Le lycéen se relève et analyse une nouvelle fois l’escalier, peut-être en grimpant sur le mur lié aux marches... Son regard croise celui de Stephen et il se ravise, très bien. Stephen, un. Billy, zéro et demi. Sur ce, il monte les marches, sans pression, ne sachant pas combien de temps l’escalier va faire office de tapis roulant. Le temps passe. Il marche. Le temps passe... Oh, il est en haut.


Ça vient du cœur, et des cuisses. De son côté, Stephen s’éloigne dans un couloir. Inspirant, il relâche sa respiration lentement avant de suivre le magicien en espérant que le pire est passé. Avec qui plaisante-t-il ? Bien sûr que le pire est à venir. C’est donc avec appréhension que l’adolescent s’approche du couloir, le haut du corps en avant dans une position incertaine. C’est. Quoi. Ça. Avançant à reculons, il vient au bord du néant en murmurant. « En fait, vous m’entraînez à Fort Boyard, c’est ça ? J’pense qu’ils vont caler l’épreuve des poteaux l’année prochaine... » L’attente de l’homme n’est pas compliquée à comprendre, comment l’accomplir est une autre affaire. Les poteaux sont disposés de manière aléatoire, mais toujours assez proches les uns des autres. L’apprenti fixe une certaine rangée de poteaux menant jusqu’à côté de son mentor, focalisé dessus, il écoute l’étrange discours de Stephen. « Très bien, faisons comme ça. » Il recule, accomplissant quelques petits bonds d’échauffements. Sans jamais lâcher sa rangée de poteaux, il prend une inspiration et... « SPARTI. » Le garçon débute un sprint et saute de poteau en poteau à toute vitesse, tellement qu’il passe à côté de Stephen et perd son équilibre en passant à côté de lui. Son pied trébuche sur l’un et il glisse sur le suivant, s’attrapant à deux mains in extrémis au prochain non loin de son maître. Ses jambes s’enroulent autour du bois, il se retrouve tel un koala accroché à sa branche et... ça glisse... Les yeux rivés en bas, il panique tandis que sa prise se défait. « Woh woh woooooh. » Ses pieds grattent le bois pour essayer de remonter et son regard croise celui de Stephen, paniqué, un cri de détresse silencieux à demi caché par une rondelle de bois.

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Maître Jedi.

Sa prise se défait tandis que son corps glisse vers les abysses l’attendant à peine plus bas. Les talons de ses baskets raclent le long du bois, tentant vainement de créer des prises par eux-mêmes, mais le bois est solide et la force du désespoir de Billy n’est pas suffisante pour le maintenir à flots. Dans cette position de faiblesse, bien en dessous de la ligne d’horizon, la vue en contre-plongée de Stephen est imposante, voire écrasante. La mention de Clea le rend nostalgique vis-à-vis de la gentillesse de la femme, sa pédagogie douce lui manque dans cette situation. À cet instant précis, l’apprenti est persuadé qu’il ne verra pas un autre jour d’apprentissage. Ça s’arrête maintenant, c’était cool le temps que ça a duré. Son regard descend vers le noir brumeux tandis que le magicien confirmé se lance dans un monologue digne d’un homme politique. Long et barbant à souhait, ça rentre d’un côté et ça sort de l’autre. Le lycéen s’intéresse aux paroles autant que l’intérêt de l’homme pour la fin de son protégé qui approche à grands pas. Blablabla, la magie a un prix, je sais, je mate des films, y a plus rien de bien mystique à tout ça.... L’adolescent perd sa prise et glisse soudainement d’une dizaine de centimètres. Il se rattrape avec un réflexe digne d’un mutant rapide, bien que son poignet soit douloureusement vif lors d’un instant avant que ça ne disparaisse dans une sensation désagréable. Un froncement de sourcil au creux du front, Billy abandonne le cri silencieux et décide de tenter la communication, bien que ce soit assez compliqué... « Sieur... » « Bla, bla, bla. » « Mo... » « Bla, bla, bla. » Qui a bien pu imaginer que le grand Stephen Strange est capable d’un flot de paroles aussi intense ? Le fan inconditionnel des héros qu’il est sait de source sûre, les médias, que le magicien est la définition même du mot impassible. Sans rire ? « Bla, bla, bla. » Billy perd patience et dans un élan désespéré, décide de monter son ton. « Mon-sieur... UMPH ! » Excellente idée qu’il eut.


Rien n’a de sens, même pas la gravité ! Son rideau de cheveux disparaît de la vue de l’adolescent, sa mèche est à présent retournée, suspendue dans le vide comme le reste. « Bla, bla, bla. » La totalité de son corps se crispe, ses muscles, ses articulations et sa mâchoire qui cogne contre le bois pendant que ses yeux s’écarquillent en voyant que son corps glisse à présent vers le plafond... « Bla, bla, réflexes, bla... » « On peut cocher les réflexes ! » Il souffle entre ses dents ce qui serait sorti comme un cri si sa mâchoire n’était coincée. Son regard retrouve finalement celui de Stephen, le temps des quelques secondes où sa tête s’est retrouvée à la hauteur de la sienne, pendant qu’il glisse lentement vers... L’autre côté. « Bla, bla, bla. » Ses yeux sont grands, globuleux, un message caché dans le creux de ces iris. J’suis sûr que c’était un discours passionnant, mais je tombe là ..! C’est le cas, le poteau disparaît et il tombe vers son destin qui change une seconde fois. Est-ce qu’il a enfin eu pitié ? Le lycéen atterrit sur ce qui semble être le sol d’un vieux dojo, dans une chute qui peut presque être considérée comme douce. Comme si le sol avait été à la tête du poteau et donc, très proche de la tête de Billy.  

L’apprenti prend quelques secondes avant de se redresser, bercé par la voix grave de l’homme qui prend bien plus de sens quand il peut enfin se concentrer dessus. Il rapproche ses genoux de son corps dans une position détendue, suivant Stephen du regard en regardant ses pieds marcher dans un cercle autour de lui. Dans un étonnant moment d’attention, il écoute et observe, cherchant une référence à sa propre culture. « Donc... On fait un remake du karaté kid ? » Réalisant après coup que l’homme ne sait probablement pas de quoi il parle, il brasse de l’air avec sa main dans un signe de laisser tomber le sujet, avant de finalement se lever. La deuxième raison a de quoi être inquiétante, rappelant au garçon qu’il ne sait pas réellement dans quoi il s’est embarqué. Ma magie... Ce concept n’est même pas encore assimilé. S’il avait pu se voir maintenant, le jour où il a découvert ses pouvoirs, tout tremblant dans son placard à balai. Billy a accepté de devenir apprenti, mais il sait pertinemment avoir plongé dans la soupe aux gros problèmes. Des problèmes dont la nature le dépasse à des années-lumières. Lui, il est là pour apprendre à se défendre, voire peut-être un peu plus... Ses mains viennent englober son visage dans un geste lassé, les doigts glissent le long de la peau jusqu’à perdre le contact avec son menton. L’apprenti n’en mène pas large en voyant la vérité poussée dans son visage de cette façon.

Sa bouche s’ouvre dans une surprise silencieuse face à la dernière demande. Méfiant, il recule un peu. « Je sais que vous êtes fort, si la tactique d’apprentissage est de me faire mordre la poussière, autant m’allonger tout de suite au sol... » Billy regarde ses mains, il n’a pas utilisé sa foudre depuis la bataille. Dans l’adrénaline de l’instant, il a réussi à gérer ses éclairs à ce moment-là, mais maintenant ? Une demande inconsciente appelle l’électrokinésie à faire surface et des étincelles timides jaillissent du bout de ses doigts. L’hésitation s’envole quand il jette un coup d’œil rapide au magicien. S’il demande, c’est qu’il peut gérer en cas de perte de contrôle, n’est-ce pas ? Ses poings se ferment, il inspire et ses avants-bras sont avalés par la magie bleue crépitante comme la dernière fois. Sa main gauche se lève, son index et son majeur se séparent dans un « V » horizontal tandis que les autres doigts restent pliés. Le garçon hésite un instant, mais finalement l’attaque part, un éclair quittant chacun de ses doigts levés pour venir frôler le visage de l’homme de part et d’autre au niveau de sa vue. La manœuvre est clairement pensée pour aveugler et non attaquer directement. Rapidement, il prend appui arrière en ramenant ses paumes au niveau de son torse, deux rayons lumineux quittent les surfaces plates et se dirigeant droit contre l’homme plus âgé. L’apprenti préfère garder ses distances, craignant l’impitoyable Docteur Strange, surtout qu’il ne saurait pas donner un bon coup de poing pour sauver sa misérable vie.

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