I've always wanted to use that spell. ○ Stephen

Des marmonnements à peine contenus, le bruissement de pages qui se tournent, du papier que l’on froisse et abandonne sur le sol. Des soupirs, aussi. Allongée dans le lit, au milieu des draps défaits, et à demi endormie, Clea n’a pas de mal à imaginer Stephen assis près d’elle et qui semble se battre contre ses recherches. Elle ignore l’heure qu’il est sur Terre et bien qu’elle ait demandé à Stephen de la réveiller en même temps que lui, ce dernier n’en a bien sûr rien fait. Le contraire aurait grandement étonné la jeune femme qui sait bien que le sorcier ne viendrait jamais interrompre son sommeil malgré sa demande… A moins d’un cas de force majeure. Apparemment, pouvoir passer du temps avec lui n’en fait pas vraiment partie. La reine ouvre un oeil pour observer la silhouette assis près d’elle et juste illuminé par un orbe magique qui lui sert de lumière d’appoint tandis que le reste de la pièce est plongée dans une semi-obscurité apaisante. Les fleurs du jardins aux veines et pétales luminescentes empêchent l’endroit d’être entièrement sombre, donnant à la chambre royale une atmosphère féérique. Silencieuse, Clea observe avec attention le profil de Stephen qui arbore un visage concentré et agacé à la fois; ses sourcils sont froncés et ses lèvres pincées. Un léger sourire illumine les traits de la sorcière qui vient lentement glisser sa main dans celle de l’humain, leurs alliances s’entrechoquant doucement. Il tourne la tête vers elle, l’expression de son visage change radicalement pour être plus apaisée et l’éclat qui brille dans ses yeux clairs fait battre le coeur de Clea à un rythme plus soutenu.

« Hello husband… » Chuchotte-t-elle avec un sourire en coin.

Son sourire s’agrandit sans qu’elle ne puisse contrôler quoi que ce soit. Tout comme elle ne peut empêcher ces bouffées de bonheur qui l’irradient à chaque fois qu’elle prononce ce simple mot ou que lui l’appelle sa femme, son épouse. Le moindre rappel à ce nouveau lien qui les unit, cette fois pour l’éternité, fait naître un bonheur sans nom ainsi qu’un apaisement de l’âme des plus salvateur.  La blonde n’a pas besoin de faire le moindre geste qu’il s’est déjà penché sur elle afin de déposer un long baiser contre ses lèvres, ses bras entourent le corps de Clea avec à la fois douceur et fermeté. Ses propres bras viennent se glisser autour de son cou pour l’attirer au plus près d’elle avec la vive intention de faire oublier ses recherches à Stephen mais aussi pour mettre fin à cette distance insupportable à son coeur. Chaque seconde passée loin de ses bras est une torture pour Clea tout comme c’en est une pour son époux qui ne se fait pas prier pour venir déposer une multitude de baiser sur la clavicule nue de la blonde. Les parchemins qui jonchaient le lit finissent pas tomber sur le sol, rapidement suivi par les draps d’un lit qui ne demandait qu’à être un peu plus défait par l’amour sûrement trop passionné de ses occupants.


Il fait les cent pas dans l’immense bibliothèque qui lui appartient. Deux tables ont été réunies afin qu’elles puissent contenir la multitude de livres, parchemins, tablettes et autres objets dont l’ancien Suprême utilise pour ses recherches. Les yeux clairs de la sorcière suivent avec attention les errances de son époux qui ne semble pas pouvoir s’arrêter ne serait-ce qu’une petite seconde. Et comme d’habitude lorsqu’il est plongé dans une quasi transe pensive, sa main est venue trouver son menton pour frotter sa barbe. Le regard de Clea est de suite attiré par l’alliance brillante à son annuaire qui, encore une fois, sourit. Elle s’est appuyée contre le rebord des tables, son corps négligemment couvert par la tunique de Stephen dont elle lui a juste piqué le haut alors que ce dernier déambule uniquement vêtu du pantalon fusible à l’étoffe sombre.

« Now Stephen, there is only one way to check your theories : go there and try them on. What could possibly go wrong ? Elle le voit qui s’arrête pour la regarder. Okay, yes, everything. But I am not sure you will be able to find anymore proofs nor texts about the ruins and what’s inside the chamber. If you think I am the key, then let’s do it. Plus… »

Clea quitte le rebord de la table, s’approche lentement de Stephen afin de stopper sa ronde incessante. Ses mains se posent sur les avants-bras nus du sorcier, remontent lentement le long de ses derniers dans une douce caresse et qu’elle sait parfaitement ne pas être aussi innocente qu’elle veut bien l’avouer. Ses doigts glissent nonchalamment sur la peau nue de son époux, redessinent avec une dévotion certaine les contours des muscles de son torse. Son regard est vissé dans le sien, ne lâche pas un seul instant les iris bleus qui la fixent rapidement avec intensité. Clea s’approche un peu plus, laisse ses lèvres effleurer celles de Stephen sans jamais céder à cette vicieuse tentation de les embrasser; et à la place, elle préfère déposer des baisers le long de sa mâchoire, remontant lentement jusqu’à son oreille.

« I have the best companion and protector by my side… Don’t I ? » Susurre Clea.

Elle s’en doutait. De la réaction de son dit protecteur qui ne perd pas une seule seconde de plus et la soulève contre lui, se laissant complètement emporter, prêt à dévaster la table encombrée sans le moindre ménagement.

« We… should… probably… get.. go… »

Sa phrase meurt contre les lèvres de Stephen venues se poser avec passion contre les siennes. Essayer de résonner son époux en proie à cette passion dévorante est complètement futile… D’autant plus que la blonde n’est pas des plus motivée pour stopper le sorcier dans son élan passionné, loin de là. Elle a une montagne de choses à faire, notamment trouver un nouveau bras-droit mais l’envie lui manque, elle préfère reculer un peu plus l’échéance pour seulement profiter de son époux, savourer ses moments volés qui leur paraissent toujours trop courts. Beaucoup trop courts.


Cela leur aura pris du temps, mais ils ont finalement réussi à se détacher l’un de l’autre après d’immenses efforts. Ils ont bien failli se perdre encore une fois alors qu’ils s’habillaient enfin, déterminés à quitter leurs appartements pour se rendre dans les ruines de Caledhel au fin fond de la Dark Dimension. Ils se sont faits violence, se serrant les coudes pour ne pas sombrer une énième fois.
L’atmosphère pesant, néfaste et morbide des lieux arrachent un frisson à Clea qui marche côté à côte de Stephen. L’immense salle ayant probablement servi à des sacrifices a été désertée par les mages après la demande de Clea. Les deux sorciers ignorent ce qu’ils vont trouver de l’autre côté de l’imposante porte de granit sombre, ils pourraient très bien relâcher une abominable créature et tous deux ne veulent pas de victimes, de dommages collatéraux et ils n’ont besoin de personne d’autre que l’un l’autre. Ils font maintenant face à l’entrée scellée dont les runes se sont mises à briller à leur approche. Ou plutôt celle de Clea ?

« Alright then… Time to see if you did well your homework. » annonce Clea non sans un sourire en coin amusé.

Elle prend une profonde inspiration, ses lèvres se mettant à bouger dans une incantation quasi silencieuse afin de faire apparaître un poignard entre ses mains. La lame se pose sur la paume de celle de gauche et sans réfléchir, s’enfonce dans sa chair pour faire couler un peu de sang. L’arme disparait dans le néant, les yeux de Clea fixent durant une demi seconde le liquide écarlate avant de tendre son bras avec une très légère once d’appréhension. Sa main entre en contact avec le granit glacé qui se met à trembler sous son toucher, les runes changent de couleur, passant d’un vert pâle à un rouge intense, aussi intense que le sang de Clea qui finit d’imbiber la pierre. Elle s’écarte, la main de Stephen attrape doucement son poignet pour venir ensuite soigner la blessure pourtant superficielle mais l’un comme l’autre ne supporte pas de voir sa moitié blessée. Même pour une simple éraflure. Devant eux, la porte s’ouvre lentement dans un bruit de pierre que l’on traine sur le sol, c’est assourdissant et le couloir sombre qui s’offre à eux n’a rien d’avenant. Une pression de la main, ils pénètrent en même temps. Mais à peine ont-ils posé un pied sur la pierre qu’une force invisible les arrache l’un de l’autre.

« Stephen !! »

Tout devient noir.

Une douce chaleur a envahi la paume de la main de Clea, pile là où celle de Stephen est posée, avant que celle-ci ne se répande rapidement dans tout son corps, lui apportant un réconfort certain. Leurs doigts s’entrelacent doucement, l’un comme l’autre refusent de se lâcher, surtout face à cette porte imposante qui commence à s’ouvrir lourdement. Le coeur de Clea bat à la chamade et grâce à son alliance, elle peut ressentir les battements de sa moitié, tout aussi affolés que les siens. A quoi doivent-ils s’attendre ? Ils l’ignorent. Si des légendes existent sur les ruines, sur cette porte mystérieux, tout ce qu’elle protège du monde extérieur ou contient confiné est inconnu. Pas un seul manuscrit. Pas une tablette. Aucune allusion. Le lointain ancêtre de Clea a mis beaucoup d’application à faire disparaître toutes traces de ces lieux afin que personne ne puisse jamais lever le voile du mystère qui recouvre les ruines. C’était sans compter sur un certain sorcier. D’entre-tous, il était évident que Stephen est le mieux place pour mettre au point l’hypothèse la plus probable. Il ne cessera jamais d’épater Clea, sans lui elle aurait probablement mis de très longs mois voire années, avant de découvrir des informations un tant soit peu utiles. Ce n’est en aucun cas se sous-estimer mais voir la vérité en face : Stephen est brillant mais surtout, possède un esprit analytique qui en impressionnerait plus d’un. Il a passé de si longues semaines, plongé dans ses recherches, jusqu’à n’en pas dormir et jusqu’à se faire un peu disputer, lorsqu’il trainait trop dans ses livres.
Elle peut sentir la main de Stephen serrer la sienne un peu plus fort et il s’approche d’elle. Sa grande silhouette ainsi que la Cape la tiennent légèrement à l’écart dans un geste protecteur. Son angoisse, elle la ressent. Clea aurait envie d’apaiser le brun, de l’attirer dans ses bras pour l’enlacer tendrement, lui dire que tout se passera bien tant qu’ils sont ensemble. Hors de question qu’ils se séparent, personne ne sait les monstres et pièges que renferment les lieux; ils sont plus forts à deux. Après une courte hésitation, le couple s’engage dans le couloir sombre sans se douter un seul instant qu’à peine ils auront franchi le seuil du labyrinthe maudit, une force surnaturelle les séparera. Les mains se détachent quand bien même ils se tiennent avec force. Tout tourbillonne autour de la sorcière. Tout s’obscurcit brusquement.

Ses paupières s’ouvrent d’un coup, son regard rencontre le vide, le noir, comme si l’endroit n’avait pas de plafond, comme s’il s’étendait à l’infini au-dessus de sa tête. Elle referme les yeux quelques secondes pour essayer de calmer la nausée qui la submerge alors que son corps est pris de vertiges quand bien même elle se trouve allongée sur le sol glacé. Son esprit est embrumé, il essaie de remettre en place les évènements. Stephen. Clea se redresse dans un sursaut, ignorant sa soudaine faiblesse et regarde autour d’elle avec une angoisse qui l’étouffe, l’écrase.

« Stephen ?! STEPHEN ?! » Hurle-t-elle dans le vide, son écho étant la seule réponse qu’elle reçoit.

Elle prend sa tête entre ses mains, sent la panique qui l’envahit à une vitesse folle. Ils avaient tout prévu, ou presque. Ni l’un ni l’autre n’avait envisagé qu’ils se retrouverait séparés et quand bien même ce n’est pas la première fois que cela arrive, c’est la première fois qu’elle ressent véritablement son âme se tordre, agoniser sans la présence de sa jumelle. La blonde inspire, expire profondément dans l’espoir que cela l’aidera à reprendre son sang-froid; elle ne peut pas s’abandonner à la panique, c’est en ayant un esprit calme qu’elle parviendra à se tirer de cette situation. Que faire ? Partir à sa recherche ? Mais comment ? L’endroit n’est qu’obscurité et elle n’est pas certaine que la magie parviendra à venir éclairer ce couloir si noir… C’est comme se retrouver perdu dans le néant, dans le vide. Elle n’a pas de repère, pas de possibilité d’anticiper le moindre de ses mouvements.

« Clea. »

Nouveau sursaut. La voix est masculine, sévère et profonde. La jeune femme fait volte-face pour se retrouver face à son père dont la taille lui semble disproportionner ; pourquoi est-il si grand… Il se penche vers elle, ses yeux froids la fixent avec intransigeance. Elle déglutit, sent de nouveau la panique la submerger. Une panique qu’elle ne connait que trop bien, qu’elle a ressenti beaucoup trop souvent pendant son enfance. Clea baisse les yeux pour venir fixer ses mains qui lui apparaissent si petites, si minuscules, comme celles d’un enfant. Son souffle se coupe. Ce n’est pas lui qui est grand mais elle, qui a retrouvé la fragilité de l’enfance. Son rythme cardiaque s’accélère, son coeur vient cogner contre sa poitrine avec une force insoupçonnée.

« I told you to never leave the castle, to never go out. Didn’t I ? » Gronde-t-il Clea avec une voix acerbe.

L’adulte voudrait lui tenir tête mais l’enfant n’y parvient pas, reste figée, la tête baissée à attendre la sentence. Le sol vibre, tremble et une autre voix retentit dans le labyrinthe. Celle de son oncle. Il s’approche, le bruit de ses pas se fait de plus en plus proche. Il lui faut fuir, prendre les jambes à son cou, ne pas rester plantée là. Elle déguerpit, parvient à éviter les bras tendus de son père qui tentent de la rattraper. La blonde court à en perdre haleine, toujours tout droit et avec cette impression de ne pas avancer, d’aller nulle part, de faire du surplace. Le labyrinthe a-t-il seulement une fin ? Ses pieds d’enfants sont maladroits, elle trébuche et c’est son corps de femme qui vient de nouveau heurter le sol. Son souffle est saccadé, difficile et elle se roule instinctivement en boule sur le sol, les yeux fermés et les poings serrés. Elle ignore ce qui vient vers elle mais elle est terrifiée, tétanisée.
Des pleurs, stridents, douloureux. Ceux d’un bébé. L’estomac de la jeune femme se noue, sans s’en rendre compte, sa main est venue se poser contre son ventre. Les plaintes lui brisent le coeur, lui déchire l’âme et la plonge dans une détresse nouvelle. Son cerveau n’agit plus, n’est plus en contrôle de son corps qui se relève. Ses jambes la guident sans qu’elle n’ait besoin de réfléchir. Elle s’enfonce dans le dédale, accélère de plus en plus afin de trouver l’origine des bruits au plus vite. Clea a peur. Ne comprend pas pourquoi elle réagit ainsi mais elle ne peut s’en empêcher, elle ne peut empêcher son instinct prendre le dessus sur son esprit. Il lui faut apaiser son coeur à l’agoni. La Suprême s’arrête brusquement. A quelques mètres d’elle, trône un berceau au bois clair, recouvert d’un voile transparent. Les pleurs redoublent d’intensité mais elle est figée. Figée devant cette vision qui n’a aucun sens. L’hésitation ne dure que quelques secondes, il lui faut s’approcher de ce lit d’enfant duquel s’échappent les plaintes d’un nouveau-né. Encore un pas. Le silence. Et le berceau est vide.

« No… No no no… No ! » Commence-t-elle à paniquer.

Il a disparu. Le bébé a disparu. Pourquoi est-elle dans un tel état ? Elle regarde tout autour d’elle, prise de mouvements nerveux puis s’immobilise tout aussi subitement. Son regard a perçu une silhouette bien floue, éloignée et de laquelle émane une aura lumineuse, tellement lumineuse. Son coeur reprend un rythme effréné, elle a ce besoin viscéral d’aller vers elle, de venir enlacer cette frêle ombre. Pourquoi ? Encore cette même question. Clea fait un pas. Puis deux. Puis trois. Ainsi de suite jusqu’à ce que la silhouette commence à mieux se découper. Une enfant, si jeune, si frêle et aux longs cheveux argentés. Serait-ce un reflet de l’enfant qu’elle était ? Non… Quelque chose cloche. Cet oeil qu’elle perçoit furtivement derrière les longues mèches éclatantes, ce bleu si profond, si intense. Le même que celui de yeux de Stephen. Ce n’est pas une vision du passé. Un fantasme ? Ça n’a aucun sens et pourtant, Clea se met à suivre docilement la petite silhouette auréolée de lumière.

« Where… Where are we going ? » Demande Clea d’une voix tremblante.

La petite silhouette continue de la guider à travers les couloirs obscurs du labyrinthe. Elle est la seule source de lumière dans cette dimension si sombre, si étouffante et déstabilisante à l’extrême. La présence ne répond pas, se contente juste de marcher sans se retourner vers la Suprême qui n’a d’autre choix que de la suivre. Cela pourrait très bien être un piège et au lieu d’être bienveillante, cette silhouette enfantine n’est là que pour la conduire vers une effroyable destination. La logique voudrait que le sorcière se méfie de cette lueur si envoutante, rassurante, car elle est telle une créature des abysses, elle lure ses proies à l’aide d’une lumière ensorcelante qui fait s’envoler toutes réticences. Sûrement Stephen désapprouverait-il qu’elle se laisse ainsi si facilement duper. Pourtant… Pourtant Clea a cette sensation au creux de son estomac, ce sentiment qui fait battre son coeur un peu plus vite alors que ses yeux ne peuvent se détacher de l’enfant. Son esprit ignore, refuse mais son âme, elle, sait. Si elle veut s’en sortir, si elle veut retrouver Stephen au milieu de cet enfer, il lui faut suivre sa petite guide dont les pas résonnent à peine dans le long couloir qu’elles empruntent.

« Who are you ? You look so familiar and yet, so… Strange… » Murmure la sorcière toujours à l’attention de sa guide.

Un léger tintement, comme de minuscules clochettes. La silhouette auréolée de lumière tenterait-elle de communiquer à sa façon ? Ou est-ce l’esprit malmené de Clea qui imagine tout ? Cette question restera sans réponse. Elle s’avance toujours et au fur et à mesure qu’elle marche, elle se rend compte que le claquement sec de ses talons sur la pierre froide est remplacé par le bruit d’éclaboussure. Comme si… Comme si elle marchait soudainement sur des flaques d’eau. Sa main effleure le mur près d’elle, devenu tout aussi humide que le sol et rien qu’au toucher, Clea réalise que ce n’est pas de l’eau. C’est trop chaud, trop épais pour en être. Sa main se met à trembler, les battements de son coeur s’accélèrent en flèche et son estomac se tord à l’extrême. L’odeur capiteuse, ferreuse du sang remonte jusqu’à ses narines, provoquant une vive nausées qui la plie en deux. Son souffle est tremblant, la tête lui tourne et brusquement, une main agrippe une de ses chevilles, lui arrachant un hurlement de peur.
Malgré l’obscurité, elle peut percevoir les doigts à demi décomposés qui sont fermement accrochés à sa jambe. C’est un corps en parti carbonisé qui la retient, la chair de son visage a partiellement fondu pourtant on peut encore lire une expression d’intense douleur. Une autre main l’attrape. Un autre corps. Des plaintes résonnent, des râles de douleur, des cris, des pleurs, des suppliques.

« Lea… Leave me alone… Please… »

Elle bataille, tente de se défaire des mains tendues qui essaient de la faire tomber, la faire basculer. Les couloirs sombres ont disparu; tout brûle autour d’elle. Les maisons. Les champs. Le ciel est d’un rouge sang mêlée de noir à cause de la fumée épaisse qui s’envole. L’odeur de la chair brûlée lui saute à la gorge avec autant de force qu’un coup de poing. Ses yeux se remplissent de larmes, la panique la submerge de nouveau et elle s’agite pour essayer en vain de s’échapper des morts. Leurs noms, elle ne les connait pas mais leurs visages… Leurs formes… Ils la hanteront probablement jusqu’à la fin de sa très longue existence.

« I…I’m sorry… I’m so sorry… I did… I didn’t want this to happen… » Bredouille-t-elle dans la confusion la plus totale.

Clea tombe sur le sol, ce même sol recouvert de sang et qui vient imbiber ses vêtements, éclabousser son visage, ses cheveux argentés. Ils sont si nombreux… Trop nombreux… Toutes ces victimes dont elle est responsable. Ces dommages collatéraux, comme on les appelle. Ces gens sacrifiés pour qu’un plus grand nombre, pour que la dimension toute entière, soit libéré du joug de son oncle. Les intentions de la blonde étaient nobles mais une guerre reste une guerre, le sang qu’elle a fait indirectement couler lui tâche les mains, entache son âme si profondément. Elle bégaye d’autres excuses, elle essaie tout du moins mais la plupart de ses mots s’étouffent dans sa gorge.

« You need to come. » La voix d’enfant résonne à ses oreilles et les illusions disparaissent.

Le sang, les cadavres, tout a disparu. Ne reste plus que le sombre couloir. Cette petite voix vient ébranler tout l’être de Clea. Si pure, si innocente… Elle essuie ses yeux larmoyants, se redresse et ce sont les jambes encore tremblantes qu’elle se met à suivre la silhouette. Son regard reste rivé sur elle, rien que sur elle. Pour tout oublier du reste, pour ne pas se retrouver coincée de nouveau dans une hallucination beaucoup trop réelle à son goût. Jusqu’à ce qu’elle ressente cette terrible douleur dans sa poitrine, la faisant tituber. L’air lui manque. Sa main se pose contre sa poitrine pour essayer de calmer la douleur qui irradie. Stephen. Il va mal. Et son malêtre, sa propre peine, résonne dans tout son être à elle.

« STEPHEN ?! » Hurle-t-elle dans le vide avec ce fol espoir qu’il l’entende, lui réponde.

Un murmure. Sa voix. Celle de l’homme qu’elle aime. Elle se détourne de la silhouette, s’engage dans un couloir sans plus réfléchir. La jeune femme n’écoute plus que cette douleur qui l’engourdit, qui la pousse à progressivement se mettre à courir en hurlant le prénom de son époux. La vision qui s’impose à elle la stoppe nette. La Cape est déchirée, réduite en lambeaux sur le sol et, pas loin d’elle, au milieu d’une flaque écarlate, il repose là.

« No…. No no no… »

La blonde s’effondre à genoux auprès de lui, c’est à peine si il réagit. Son visage est blafard, ses lèvres légèrement bleutées et un mince filet de sang dégouline d’entre ses lèvres entrouvertes.

« Hold on my love. It’s gonna be okay. Just hold on. »

Il soupire, tente de parler mais Clea l’en empêche en posant sa main contre sa joue blême.

« Don’t speak, you need to keep your strength. »

Son autre main libre se pose à quelques millimètres au-dessus d’une des plaies mortelles qui lacèrent son coeur. Elle se concentre, la magie crépite légèrement au bout de ses doigts… Pour s’éteindre. La panique. Elle recommence. Rien. Encore une fois. Toujours rien. Le désespoir commence à s’emparer de la Faltine à qui tout échappe, sa magie tout comme la vie de Stephen. Ses bras viennent enserrer le corps faible du brun, l’attirent tout contre elle.

« Please… Stay with me… I need you… sanglote doucement Clea. Don’t leave me, not again… I can’t… I can’t live without you… »

Son front se pose doucement contre celui du mourant qui n’est plus en état de lui répondre, de lui dire un dernier mot. Elle le serre un peu plus fort tandis que le dernier souffle de vie l’abandonne. Un râle de douleur s’échappe de la jeune femme qui est submergée par une douleur assommante, insupportable. Tout ce qu’elle veut c’est se laisser mourir. S’allonger sur ce sol pour expier.

Un tintement de clochettes.

Le corps de Stephen disparait à son tour, le sang, la Cape. L’horrifiante vision n’est plus et à la place, l’enfant se tient devant la sorcière. Sa petite main tendue, Clea hésite un court instant, encore hagarde, avant d’y glisser la sienne pour se relever. Elle a du mal à se remettre de ses hallucinations, elle peut encore sentir le corps sans vie de son époux, tout contre elle. Cette douleur foudroyante qui continue de serrer son pauvre coeur bien malmené. La Suprême se laisse traîner jusqu’à arriver à l’entrée d’une haute salle: le centre du labyrinthe.
L’endroit est sombre, éclairé par des lanternes d’où un feu verdâtre diffusent une lumière glauque et oppressante. En son centre, un piédestal sur lequel repose un collier duquel émane une aura néfaste. Clea resserre l’étreinte de sa main sur… Du vide. La silhouette s’est effacée, ayant fait son oeuvre. Des bruits de pas résonnent. A l’opposé de la salle où se trouve une autre ouverture. Il apparait dans son champ de vision et Clea n’a qu’une envie, se précipiter vers lui pour se jeter à son cou. Il est vivant, cette fois-ci, plus de doute. Il ne s’agit plus d’une torture du labyrinthe mais bien de Stephen. Clea fait un pas et elle surgit, l’immense créature. Immense, son corps est émacié, comportant quatre bras se finissants par des mains aux griffes acérées. La créature ne possède pas de visage, juste une immense bouche béante aux dents inégales. Le monstre s’est déjà emparé de Clea, l’une de ses mains enserre son cou et ses griffes s’enfoncent dans la chair tendre. Ses pieds ne touchent plus le sol, ses yeux sont exacerbés par la douleur inattendue.

« Corrupted… Résonne la voix sinistre de l’être maléfique dont la longue langue est venue lécher quelques gouttes du sang de Clea qui s’écoule des plaies. The first blood is corrupted… Death is the sentence. »

Clea a peur. Elle est même terrorisée alors que l’immense créature la tient fermement par le cou et dont elle sent les griffes aussi acérées que des lames de rasoirs qui s’enfoncent de plus en plus profondément dans sa chair. La douleur est intense, au point qu’elle ne parvient plus à respirer, à réfléchir et elle n’est pas en mesure de contre-attaquer, de se défendre pour se tirer de cette situation. La blonde est entièrement figée, elle peut sentir le liquide chaud qui s’écoule sur la peau de sa gorge, qui vient imbiber le haut de son justaucorps déjà bien malmené par la traversée éprouvante du labyrinthe. Ses yeux sont exorbités, sa bouche est entrouverte à la recherche d’un peu d’air dont ses poumons ont désespérément besoin mais qu’elle ne parvient pas à avoir. Ses muscles restent tétanisés encore quelques courtes secondes avant de se relâcher, ses paupières se font lourdes, très lourdes. C’est donc ainsi qu’elle va mourir ? Dans ce labyrinthe maudit qui l’a tant malmenée. Les ont tant malmenés. Non. Elle ne peut pas se laisser partir ainsi, dans un geste désespéré, la Suprême tente d’invoquer sa magie qui crépite tout juste sur le bout de ses doigts avant de s’éteindre immédiatement. Elle est trop faible, incapable de se concentrer. Des larmes coulent le long de ses joues blafardes. Une nouvelle douleur intense. Les griffes sont retirées et une étoffe bien singulière ainsi que familière vient l’envelopper, la protéger d’un choc d’une violence inouïe qui heurte le monstre ainsi que tout l’environnement. La tête de Clea ne tient plus droite, ce sont les pans de la Cape qui la maintiennent, tout en venant fermement enserrer son cou pour compresser les plaies et éviter que trop de sang ne continue de se déverser. Elle la dépose délicatement sur le sol, le dos appuyé contre un mur en ruines avant de disparaitre aussi vite qu’elle est apparue. D’une main tremblante, Clea se concentre à l’extrême pour utiliser un sort de soin qu’elle commence à appliquer sur l’une des quatre plaies qui marquent son cou et sa nuque. Sa concentration reste difficile à monopoliser, elle sent que tout son corps est dans un état de faiblesse trop important. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’elle se retrouve blessée, on peut même dit qu’elle a vu pire mais elle est encore loin de se douter de l’handicape qui l’affaiblit quand bien même les épreuves du labyrinthe ont tenté de l’aiguiller.

Une voix, la sienne. Suivie par des mains tremblantes et au toucher si particulier. Stephen. Les yeux de Clea s’ouvrent pour tomber sur le visage extrêmement inquiet mais aussi épuisé de son époux. La chape de plomb qui lui pesait sur l’âme est directement levée alors que son coeur se remet à battre à un rythme normal. Il est là, près d’elle et il est sain et sauf. La main de Clea vient caresser l’une des pommettes du sorcier, comme pour s’assurer qu’il ne s’agit pas encore une fois d’une terrible vision et qu’il ne va plus disparaître.

« Ste…phen… » Parvient-elle à articuler malgré les plaies à son cou.

Un soupir de soulagement. Le sort de soin de Stephen est efficace, bien plus efficace que le sien et les plaies commencent rapidement à se refermer pour n’être plus que de vilaines cicatrices qui disparaîtront d’ici quelques jours. Mais les stigmates des plaies restent, la fatigue intense et l’impression d’être vidée de magie est toujours là. Sans s’en rendre compte, sa deuxième main est venue se blottir contre son ventre; un drôle d’instinct qu’elle ne s’explique pas pour l’instant. Elle respire normalement, sa tête vient s’appuyer contre celle de Stephen juste pour quelques secondes, sa tempe contre la sienne. Juste pour le sentir près d’elle, retrouver le temps d’un court instant, un peu de cet apaisement qui l’habite à chaque fois qu’ils sont l’un contre l’autre. Elle en a besoin. Le bras du brun enserrant sa taille, il l’aide à se relever avec précaution, la serrant contre lui pour la protéger au mieux et aussi, pour se rassurer également. La Cape est venue recouvrir également Clea, la faisant presque disparaître aux yeux extérieurs. La blonde espère tellement que toutes ces épreuves soient enfin terminées, qu’ils puissent prendre cet artéfact et déguerpir pour rentrer chez eux, se retrouver loin des autres. A son plus grand damn, les lieux ont loin d’en avoir fini avec le couple et le sol se met à violemment trembler, de nouvelles crevasses vient éclater le sol qui s’ouvre sur un gouffre infini, noir, et qui semble absorber toute magie. Le coeur de Clea se serre. Si l’un d’entre eux venait à tomber dans ces crevasses, il ne pourrait plus revenir. La peur l’étouffe, la peur de pouvoir perdre Stephen est insoutenable et l’adrénaline monte soudainement en flèche, lui fait retrouver des forces qu’elle pensait entièrement épuisées. Leurs doigts s’entrelacent tandis qu’ils se retrouver sur une plateforme flottante, instable.

« Yes we do. » Répond Clea d’une voix presque assurée bien que légèrement tremblante.

Elle tourne la tête, regarde son époux avant de rapidement l’attirer à elle pour échanger une très court baiser. Juste assez pour ressentir sa détermination remonter en flèche, pour se ressourcer et sentir sa magie reprendre sa vigueur habituelle. Oui, à eux deux, ils peuvent tout affronter et ce jour n’est pas leur dernier. Que viennent les monstres, ils sont prêts à les combattre et à les vaincre car c’est ce qu’ils seront: victorieux. Brusquement, d’immenses tentacules jaillissent du vide, venant renverser la plateforme sur laquelle ils se trouvent avec l’intention de les faire basculer dans le néant. La Cape réagit plus vite que les deux Sorciers, les propulsants dans les airs toujours en enserrant éclatement Clea. Des hurlements stridents retentissent, les tentacules battent dans les airs en aveugle pour essayer de se saisir du couple et les attirer à elle. La créature à qui appartiennent ses membres est trop profondément enfoncée dans les ténèbres pour qu’ils puissent la voir et étrangement, cela convient à Clea, elle n’a vraiment pas envie de voir quelle type de créature peut avoir d’aussi immenses tentacules. Des mains décharnées apparaissent, s’accrochent au sol en milliers de morceaux. D’effroyables créatures surgissent des ténèbres. Leurs corps sont squelettiques, leurs colonnes hérissées d’excroissances osseuses et leurs têtes se tournent dans tous les sens. Elles n’ont pas de visages, juste deux trous béants pour les yeux. Le couple se sépare, se mettant dos à dos pour se couvrir l’un l’autre. Les monstres se jettent sur eux par centaines, milliers.

Les mains de Clea s’agitent, elle invoque les Cristaux de Cyndriarr. Les cristaux jaunes apparaissent, propulsés par la déflagration magique bien caractéristique du sort et qui, juste en effleurant les créatures, les réduit en poussière. Les sorciers n’ont de cesse de bouger, de tourner; à la fois pour couvrir tous les angles mais aussi et surtout, pour éviter les tentacules qui tentent inlassablement de se saisir d’eux. Tous deux se complètent, pendant que l’un protège, l’autre attaque et ainsi de suite. Ils se sont battus côte à côte pendant de nombreuses années et si les débuts n’ont pas été des plus faciles, ils ont développé au fil du temps une synchronisation à toute épreuve. Ou presque. Ils ne la voient pas, cette tentacules tapies dans le noir qui brusquement se saisit de Stephen, s’enroule autour de son corps pour l’immobiliser complètement. Des milliers de petites aiguilles s’infiltrent dans ses peau pour l’électrocuter à petites doses, certes, mais assez pour l’assaillir d’une souffrance atroce. Douleur ressentie au plus profond de l’âme de Clea qui en perd le souffle et se retrouve assommée quelques courtes secondes.

« STEPHEN ! »

Grâce aux Sept Soleils de Cinnibus, elle extermine la quasi totalité des petits monstres qui les attaquaient sans une minute de répit. Les yeux de Clea brillent de fureur, de peur et le cristal contenant les Flammes de la Régence étincèle avec autant d’intensité qu’un minuscule soleil. Elle se déchaine sur cette tentacule qui, pernicieusement, pompe la magie de Stephen, son essence même pour n’en faire plus qu’une coquille vide. Pourtant, la Suprême a beau utiliser les sorts le plus puissants qu’elle connaisse, rien n’y fait. Le membre est insensible. Intouchable. Cela fait soudainement tilt dans sa tête. Il ne sert à rien de s’en prendre à lui, c’est à la créature qu’il faut s’en prendre, à son centre même. Son regard croise celui de Stephen qui lui aussi a compris. Mais s’enfoncer dans ces ténèbres, c’est aussi et très probablement, ne plus pouvoir en revenir.

« Please hold on my love, it will soon be over. » Murmure-t-elle en utilisant la télépathie.

Elle ignore les protestations de Stephen qui lui ordonnent de ne rien faire, de plutôt trouver un moyen de s’enfuir. Hors de question, jamais elle ne pourra le laisser juste pour sauver sa propre vie. La souveraine prendre une profonde inspiration, elle n’a aucune hésitation, aucun doute, c’est ce qu’elle a à faire. Coupant toute connexion télépathique avec Stephen, la jeune femme fonce à toute allure dans l’abysse où aucune lumière ne semble pouvoir briller. Elle ne ralentit pas, accélère même, jusqu’à venir heurter ce qu’elle pense être le corps de l’immense monstre. Comment en être sûre ? Impossible d’y voir et tous ses autres sens sont malmenés. Elle continue d’accumuler la magie pendant encore plusieurs secondes avant de finalement la laisser éclater dans une explosion dévastatrice… Et inutile. Comme si la créature était entièrement immunisée contre la magie. De petites tentacules viennent également se saisir de Clea pour lui faire subir la même torture qu’à son époux, toujours à la surface. Un hurlement de douleur lui échappe, tout son corps se fait aussi rigide que du marbre et son esprit se voile. Non… Elle doit sauver Stephen… Les sauver tous les deux.

« Let… me… go… commence-t-elle faiblement. Let.. Me.. Go. I SAID, LET ME GO ! »

Une aura lumineuse vient l’envelopper, s’intensifiant au fil des secondes pour venir percer les ténèbres. La lumière est-elle que la créature pousse un cri d’agoni; quand a-t-elle vu de la lumière pour la dernière fois ? L’a-t-elle seulement jamais vue ? L’aura se répand non seulement dans abysses mais également à la surface, elle vient réduire à néant toutes les créatures malveillantes qui tentent de fuir.

« I AM THE RIGHTFUL QUEEN AND I COMMAND YOU TO BE GONE. »

Nouvelles plaintes du monstre, du labyrinthe tout entier qui souffre presque autant qu’ils ont fait souffrir le couple. Les tentacules qui enserrent Clea glissent le long de son corps pour tomber, inanimées. Celle maintenant Stephen disparaît également et tout se remet en place. Les murs, le sol. Les morceaux se recollent, se rassemblent. Les pieds de Clea touchent la terre ferme, l’aura se dissipe et elle s’effondre à genoux, juste à côté de Stephen qui n’en mène pas large non plus. La blonde tient un peu redressée puis finalement, elle glisse sur le sol aux côtés de son époux, épuisée à l’extrême. Dans un geste faible, sa main vient serrer celle du brun et leurs fronts se touchent. C’est avec une volonté de fer qu’elle parvient à garder ses paupières ouvertes, son regard perdu dans celui de sa moitié…

« You… okay… ? »

Clea voudrait déguerpir. Prendre l’artéfact et que tous deux rentrent mais son corps, lui, a besoin d’un moment pour reprendre des forces. Alors ils restent là, l’un contre l’autre, à juste se regarder. Ils sont vivants. Mal en point mais vivants. C’est la Cape qui finit par les secouer un peu, clairement, elle n’a pas envie de rester plus longtemps ici et son attitude arrache un léger sourire à la sorcière. Ils se relèvent lentement, s’aidant l’un l’autre et avec également l’assistance de la Cape si dévouée à son maître. La blonde s’approche du piédestal sur lequel repose l’amulette de laquelle s’échappe une aura puissante, malveillante et elle comprend immédiatement pourquoi celle-ci est ainsi restée cacher en sécurité. Une bulle de protection vient l’entourer, hors de question de la toucher directement, et elle est ensuite envoyée dans une poche dimensionnelle le temps du trajet.

« Let’s go home… »

Une immense porte en pierre se dessine sur l’un des murs et s’ouvre lentement, lourdement. La main de Stephen revient trouver la sienne, leurs doigts s’entrelacent tendrement et c’est l’un contre l’autre qu’ils franchissent la porte. A peine l’ont-ils faits que les ruines de Caledhel autour d’eux se mettent à trembler, prêtes à s’effondrer sur la tête des sorciers. L’énergie mystique de Clea la quitte brusquement, elle bascule en avant et ses paupières se ferment.

C’est tout juste si Clea s’est arrêtée plus de quelques minutes dans leur chambre, après être revenue de son affrontement contre l’Enchanteresse, venue sur Terre pour subtiliser un artéfact afin de servir à des fins très probablement égoïstes. La Sorcière regarde son époux toujours en proie aux Brumes de Morphée ; sort ayant permis à Clea de rendormir Stephen afin de l’empêcher de la suivre. Deux petits jours à peine s’étaient écoulés depuis les épreuves du labyrinthe et les deux époux en sont ressortis brisés, épuisés, drainés. Leurs corps tout comme leur magie en avaient pris un coup, tous deux avaient eu ce besoin de repos complet et les leçons de Billy ont donc été reprises par un Wong dévoué à sa nouvelle tâche. Si Clea en avait eu l’occasion, elle serait restée plus longtemps encore dans le creux des bras de Stephen pour finir de se ressourcer entièrement. La blonde se penche, dépose un baiser sur la tempe de son mari avant de finalement quitter leurs appartements.
Tout le palais semble être plongé dans la torpeur du sommeil, les couloirs sont vides à l’exception des sentinelles magiques qui protègent à toute heure du jour ou de la nuit, les habitants de la demeure royale mais surtout, la reine. Ils ne sont que très peu nombreux à entièrement résider dans le palais, la magie étant utilisée pour à peu près toutes les tâches utiles au quotidien et concrètement, l’endroit appartient pratiquement exclusivement à Clea et Stephen. Cette absence de vie n’est pas désagréable, le silence n’est pas lourd comme l’on pourrait l’imaginer mais plutôt apaisant. Les orbes lumineuses qui éclairent les couloirs ne font qu’accentuer ce sentiment d’être dans un endroit sûr, un cocon protecteur. Pourtant, Clea est tout sauf apaisée. Bien au contraire. Les mots lâchés par Amora n’ont eu de cesse de tourner dans son esprit, la convaincant presque entièrement de ce que son cerveau ne souhaite pas encore complètement accepter et comprendre. Sûrement aurait-elle dû d’abord confier ses craintes à Stephen plutôt que de se précipiter directement dans l’aile du palais réservée aux mages, mais elle ne se voyait pas aborder de tels doutes auprès de lui. Juste par peur. Par peur qu’il puisse rejeter une telle nouvelle en bloc, eux qui n’ont jamais réellement discuté d’avoir des enfants, une famille.

Elle frappe à la porte devant laquelle elle se trouve, attend, avec une certaine anxiété, que celle-ci s’ouvre. C’est avec un visage surpris que l’accueil le mage en chef, ce dernier ne s’attendant clairement pas à trouver la reine par une heure aussi tardive.

« My Queen ? Is everything alright ?
-I am sorry to disturb you but I urgently need your help. »

Nieven se déplace pour la laisser entrer, s’inclinant sur son passage avant de refermer la porte derrière la Suprême. Les yeux du Mage observe la souveraine, toujours surpris mais également préoccupé. Il est clair que ce qui agite la jeune femme ne peut être anodin autrement, elle ne serait pas venue le trouver ainsi alors que tout le palais est endormi. D’un geste de la main, il invite Clea à s’installer dans l’un des fauteuils tandis qu’il prépare deux tasse d’un thé à la couleur bleuté et dont les composants aident à se détendre, à apaiser les esprits tourmentés. Clea ne s’assied pas, tourne en rond dans l’immense bureau du Mage et qui est attenant à sa chambre de laquelle il a été tiré.

« It is the first time I see you so preoccupied, your Majesty. I hope I will be able to help you and ease your soul. Dit-il doucement en tendant une tasse de thé à Clea qui s’arrête de tourner en rond.
-Would… Would you be able to confirm a pregnancy… ? »

Il se fige alors qu’il porte la tasse de thé à ses lèvres, il ne s’attendait pas à une telle demande. Nieven repose l’objet sur le petit guéridon près de son fauteuil puis se lève, s’approche de la reine.

« Do you have any suspicions ? Symptoms that are making you think you might be expecting ?
-I… I don’t really know… My magic is weak, it became harder for me, to create it like if something or someone was draining it… And in the labyrinth… There was… Never mind, it is probably silly…
-My Queen, you can speak freely and I insist you tell me everything.
-I, elle soupire, I saw a little girl. I first thought she was just me but she had his eyes; Stephen’s eyes. I then believe she was a creation of some deep desires but now…
-Now you have reasons to believe this child was an image of your future. »

Clea hoche de la tête, une main posée contre son ventre.

« If I may, I will examine you. »

Nieven se place en face de la blonde, à quelques mètres d’elle et l’observe avec attention. L’amulette qu’il possède autour de son cou de met à briller et rapidement, la jeune femme ne devient qu’une silhouette aux veines brillantes à ses yeux. Il se focalise sur sa magie, sur l’énergie mystique qui coule dans ses veines, se répand dans tout son corps. Et il le voit, cet afflux inhabituel au niveau de son ventre, toute cette magie redirigée vers cet exact endroit dans le corps de Clea. Le mage cligne des yeux, il hoche de la tête.

« Your instinct was correct, you are indeed, with child. »

Le souffle lui manque. Ses jambes se mettent à trembler et elle se laisse tomber sur le fauteuil juste derrière elle. Enceinte. Elle est enceinte et elle ne sait que penser à l’instant. Depuis que sa vie est venue se lier à celle de Stephen, bien des décennies plus tôt, elle a toujours eu cette envie de fonder une famille, d’avoir des enfants, les siens. L’occasion d’en parler ne s’est jamais réellement présentée, la sorcière s’est même mise à douter de sa possible compatibilité avec Stephen. Les questions se bousculent dans son esprit embrumé, ses lèvres s’entrouvrent puis se referment à plusieurs reprises.

« H… How… We shared the same bed for twenty-eight years and… I thought I would just not be able to carry any child… That we weren’t compatible… I…
-I must be honest with you, my Queen, I have many questions too. You are the only one of your kind and therefor, there was no way for you to be certain of anything… Especially with a human. Doctor Strange might be a Sorcerer, but he is not made of magic like you are. If we take it away, he would survive where you would not. »

Le mage commence à marcher dans son bureau, concentré sur l’énigme qu’offre la souveraine. Elle est unique et la situation l’est tout autant.

« My theory is actually simple… When you two got married, your magics became one and this might have permitted to create this child. You don’t need someone to be physically compatible with you but… Mystically. Which is now the case with your husband. »

Silencieuse, Clea écoute la théorie de Nieven. Plus il parle et plus tout commence à prendre un sens. Jamais la blonde n’aurait eu idée de voir les choses de cette perspective et pourtant… C’est d’une logique aberrante, implacable. Sans ce mariage mystique, sans leur union, leur relation serait restée stérile de tout enfant. Ses mains se posent contre son ventre, maintenant qu’elle sait, elle parvient à ressentir cette petite présence en elle, elle arrive à sentir le flux de magie. Clea se mord les lèvres, cela n’enlève en rien les inquiétudes qui continuent de l’agiter.

« Do you think it’s… It’s gonna be risky ? The pregnancy ?
-I don’t know but seeing how your magic is reacting, I am afraid it will be, yes. The more she will grow, the more she will need magic and less there will be left for you. We also need to take in consideration that she is part human and will probably need nutriments a human baby usually needs. I am not familiar with human pregnancy, I shall do researches or ask for Doctor Strange’s help. »

Une boule se forme dans son estomac, une peur presque impossible à décrire. Cette terreur que tout tourne mal, de perdre ce bébé dont elle tant envie. Mais Stephen ? Veut-il être père ? Est-ce une vie qu’il peut envisager, dans laquelle il peut s’épanouir ? Elle se passe une main sur le visage, l’angoisse se fait plus présente, plus étouffante à l’idée que leurs envies diffèrent, qu’ils ne souhaitent pas le même futur. Son dos vient s’appuyer contre le dossier du fauteuil afin d’être un peu moins recroquevillée sur elle-même et pouvoir respirer un peu mieux.

« Will I be able to carry this pregnancy to full term ?
-Again, nothing is certain, your Majesty. How long will this take ? Will she develop at the same pace as a human or faster ? We will have to check on you regularly with the expertise of some doctors from Earth. I will do all I can to help you, I’ll ask some Magus to assist me as well. Childbirth can be very dangerous, especially if we don’t know what to expect. Perhaps it is for the best if you could pace yourself, try to start decreasing your use of magic. And rest. »

Se ménager… Economiser sa magie… Comment faire tout cela lorsque deux dimensions sont à votre charge ? Deux équilibres à faire respecter, à protéger. Bien sûr qu’elle a l’aide de Stephen mais cela suffira-t-il ? Probablement pas. La Faltine hoche de la tête, se relève du fauteuil.

« Thank you, Nieven. I’ll let you rest. Elle s’approche de la porte, se retourne au dernier moment. I must ask you not to talk about this to anyone… For now. I must think and talk to my husband first.
-Of course my Queen, I shall remain silent. »

Clea hoche de la tête pour le remercier puis regagne les couloirs. Ses épaules sont légèrement affaissées à cause d’une chape invisible. Ses mains sont venues se reposer contre son ventre encore plat, juste pour venir ressentir la légère aura mystique qui se développe en elle. Beaucoup de questions demeurent ainsi que des doutes, des peurs. Dans le plus grand des silences, elle vient se rallonger dans le lit quitté plusieurs heures plus tôt. Ses yeux se posent sur le visage endormi de Stephen qui ne se doute de rien. Comment lui en parler ? Et quand ? Pas maintenant. La Faltine a besoin de repos. Son corps se blottit contre celui de l’humain qui, dans un réflex, vient l’enlacer avec douceur, ses lèvres contre son front. Elle reste encore de longues heures éveillée avant de finalement, se laisser glisser dans le sommeil.


Ses doigts pianotent nerveusement l’accoudoir du fauteuil sur lequel elle s’est installée, quelques instants plus tôt. Autour d’elle, des étagères de livres, de fioles et d’ingrédients qui servent tous les jours à l’Archimage du palais, de toute la dimension. Une semaine s’est écoulée depuis que Nieven a dissipé tout doute sur les raisons de la fatigue de Clea, de sa magie qui s’épuise trop vite et de cette étrange sensation sur laquelle elle ne parvenait pas à trouver un mot pour la désigner. Enceinte. Elle est enceinte mais cela reste, pour l’instant, un secret d’état. Ils sont deux à le savoir, l’Archimage et elle. Pas même Stephen n’est dans la confidence, elle n’a pas encore pu, pas trouvé le bon moment ni les bons mots pour lui apprendre cette nouvelle qui va littéralement changer son existence. Leur existence. Le mage dépose une petite fiole sur le guéridon de bois, juste à côté du fauteuil dans lequel repose Clea.

« This will make you feel better for a while. Have you experienced any let’s say… Human symptoms other than this tiredness, my Queen ?
-No… Not that I know. I am feeling quite sore all the time, I can sleep hours but my body is still exhausted.
-I don’t know if this is a regular symptom during a human pregnancy but it is probably due to the fact that the baby is draining your magic, therefore, your body is struggling to aliment its very own energy. We need to find a better and more viable solution than a simple potion. I urge you to talk to your husband, he will surely help. Perhaps, sharing his magic with you could help you.
-I… I’ll talk to him soon. He will have so many questions and I have so few answers… murmure Clea en prenant la fiole dans ses mains pour observer le liquide bleuté.
-We are all lacking answers and informations, my Queen. Everything about this pregnancy and this child is new and unknown, she is the only one of her kind as her mother is. »

Un pâle sourire vient étirer les lèvres de Clea. L’inquiétude la ronge depuis la découverte de cette grossesse, une inquiétude qui la tient parfois éveillée des nuits entières et qu’elle justifie auprès de Stephen avec aisance, mais jamais sans vraiment le regarder. Elle n’a pas peur pour elle mais pour ce bébé qui se développe en elle et dont ils ignorent tout. La Suprême a cette peur viscérale que tout tourne mal, qu’elle puisse perdre l’enfant, qu’il ne soit pas viable et de ne pas se remettre d’une telle perte. Si le bébé est encore en elle, minuscule, tout juste un concept, la blonde n’a rien pu faire contre ce lien qui s’est immédiatement tissé entre elles deux. Une connexion d’une puissance inégalable, immuable. Un léger soupir puis elle porte la potion à ses lèvres, avec soulagement elle peut ressentir son niveau d’énergie remonter en flèche. Cela ne durera que l’effet de quelques heures mais c’est déjà mieux que rien; cela lui laissera du temps pour réfléchir. La fiole vide reposée, Clea se lève de son fauteuil puis salut l’Archimage d’un geste de la tête. Pas la peine de s’attarder plus longtemps, elle préfère profiter de son regain d’énergie pour retrouver Stephen. S’il est là. Elle marche rapidement dans les couloirs du palais, esquissant des sourires aux personnes qu’elle croise pour finalement s’engouffrer dans leurs appartements privés.

L’odeur délicate et apaisante est la première chose qui la frappe tandis qu’elle referme la porte derrière elle. Puis ses yeux s’écarquillent tandis qu’elle s’avance jusqu’au milieu de leur salon privé. Des fleurs. Partout. Absolument partout. Pas un mur n’est oublié, pas une colonne. Rien. Tant de couleurs qui l’éblouissent, qui font briller son regard avec intensité. L’endroit est métamorphosé, se trouve-t-elle bien dans leurs appartements ? Est-ce bien leur salon ? Clea n’en est plus sûre tant la pièce ressemble à s’y méprendre à un jardin enchanté. Au delà de l’émerveillement, il y a également de la stupeur et des questionnements. Pour quelles raisons ? La blonde sait que son mari est toujours rempli d’attentions à son égard, qu’il ne rate jamais une occasion de la gâter ou juste de lui faire plaisir ne serait-ce qu’avec une fleur fraîchement cueillie. Mais des dizaines ? Non, des centaines ? Des bras l’entourent, elle sursaute très légèrement mais se détend presque immédiatement en reconnaissant aisément son époux. Sa tête vient s’appuyer contre celle de Stephen, fermant ses paupières un court instant en sentant les lèvres de se dernier se poser sur sa peau. Le voilà finalement, le responsable de tout ceci.

« Long time no see, Doctor Strange… » Répond-t-elle d’une voix taquine.

Ses yeux s’ouvrent et croisent le regard de Bats, maintenant assis face à elle. Le chien-fantôme vient de temps en temps au palais afin de profiter de son calme et également, pour supporter Wong lors de ses vacances dans la Dark Dimension. Elle lui sourit puis tout s’éclair en entendant les mots de Stephen. Son anniversaire. La blonde ne savait même pas que c’était aujourd’hui; comment le pourrait-elle dans une dimension ou les dates n’ont pas de sens. Il n’y a que lorsqu’elle était auprès de Stephen, vingt-six ans plus tôt, qu’elle fêtait un tel évènement. Pourquoi l’aurait-elle fait seule ? Cela n’aurait eu aucun sens. Cette date toute choisie, celle de son arrivée sur Terre et à défaut de celle de sa naissance, de sa renaissance. Il n’y avait aucune joie, aucun intérêt, à célébrer un tel moment sans celui sans qui rien de tout cela n’aurait été possible.

« I love them… It’s beautiful… Thank you my love. 
-This one is from Wong and I, Clea. Wong is busy training the kid - who is a good kid- but I am here for both of us.
-Oh Bats… You shouldn’t have ! Thank you. »

Ses mains attrapent le petit paquet alors que l’animal trépigne d’impatience autant de la voir ouvrir que de recevoir des remerciements dignes de ce nom. Encore une fois, Clea se crispe mais pour une différente raison. Le plus innocemment et inconsciemment du monde, les mains de son époux sont venues se poser contre son ventre et la panique de Clea est montée en flèche. Et si il ressentait l’aura mystique ? Et si il découvrait tout avant même qu’elle ne puisse le lui dire elle-même ? Son rythme cardiaque s’est légèrement affolé mais elle prend sur elle pour reprendre son calme et ouvrir le cadeau de ses deux amis. Une boite remplie de délicats chocolats en forme de fleurs.

« We made them. Or Wong made them and I was checking he was doing everything correctly, explique Bats en regardant les chocolats. You like flowers and chocolate so here you are; both at the same time. Plus, food is the best kind of present, in my humble opinion.
-It’s great, Bats. One of the best present I’ve ever had, I must say. » Répond la Sorcière alors qu’elle pose la boite sur la petite table près d’eux.

Elle prend ensuite le temps de remercier le chien comme il se doit grâce à de nombreuses caresses que l’animal apprécie, fier que leur cadeau lui ait autant plu. Encore quelques caresses et des remerciements à faire passer à Wong et le chien disparaitre pour retourner dans le Sanctum, laissant finalement le couple seul. Elle veut tourner la tête afin d’embrasser son époux mais ce dernier est trop rapide, il la relâche, s’écarte et elle n’a d’autre choix que de se retourner et de tomber face à un magnifique bouquet. Sa bouche s’entrouvre légèrement sous la stupeur, ses mains récupèrent délicatement les fleurs d’un blanc éclatant au coeur presque doré. Il est magnifique. Plus encore que toutes les fleurs qui entourent les deux sorciers. Elle approche le bouquet près de son visage pour respirer le parfum envoutant des plantes qui dégagent presque une aura magique. Où a-t-il bien pu trouver pareilles fleurs ? Il n’aura jamais de cesse de l’étonner.

« It’s… They are exquisite… »

C’est là qu’elle le voit, le petit coffret tout juste dissimulé dans les fleurs. Encore une surprise ? Son amour a-t-il une limite ? La réponse est non, bien évidemment. Le bouquet est déposé dans un vase de crystal qui vient d’apparaitre et elle peut découvrir l’énième surprise de son époux. Un pendentif. Magnifique. Dans la forme d’une goutte d’eau délicate, ses yeux accrochent directement à l’éclat magique qui l’illumine, aux couleurs bleues et vertes qui lui rappellent directement les aurores boréales découvertes des décennies plus tôt. Ses yeux s’embuent légèrement, ce cadeau est parfait. Tout est absolument parfait et la culpabilité submerge Clea brusquement. Une culpabilité impossible à décrypter pour n’importe qui sur les traits de son visage sauf pour Stephen.

« Everything is just… So perfect. I have no word to describe all of this… » Murmure Clea d’une voix un peu tremblante.

Une brève inspiration, elle tend le collier à Stephen puis se retourne en prenant soin de dégager son cou de ses cheveux. C’est à lui de venir lier le magnifique bijou autour de son cou, en profitant au passage pour embrasser sa peau nue avec beaucoup de délicatesse et d’amour. Les doigts de Clea viennent trouver le pendentif, le caressent doucement. Ses cheveux retombent dans une cascade d’argent dans son dos et elle se retourne, glisse ses bras autour du cou de son époux.

« I have no duties, today… I am all yours and you are all mine. » Vient-elle susurrer contre ses lèvres du brun.

Tendrement, elle vient déposer un baiser sur les lèvres de Stephen. Rapidement, les bras de ce dernier l’enserrent avec empressement, tous deux se perdent dans cet échange qui s’intensifie au fil des secondes. Comme à chaque fois. Pourtant cette fois-ci, c’est Clea qui met fin à leur baiser, son front s’appuyant contre celui de son mari.

« I have something for you too… I know, I’m not supposed to offer anything for my birthday but… It is an unexpected… Present ? »

La Suprême s’écarte un peu, ses mains trouvent les joues du sorcier pour venir les caresser avec douceur. Elle cherche ses mots. Elle peine d’autant plus que le regard perçant et intrigué de Stephen l’observe avec la plus grande attention. Clea sait qu’elle n’aurait pas dû garder ce secret aussi longtemps et qu’elle ne peut plus le garder juste pour elle.

La Suprême s’écarte un peu, ses mains trouvent les joues du sorcier pour venir les caresser avec douceur. Elle cherche ses mots. Elle peine d’autant plus que le regard perçant et intrigué de Stephen l’observe avec la plus grande attention. Clea sait qu’elle n’aurait pas dû garder ce secret aussi longtemps et qu’elle ne peut plus le garder juste pour elle. Ses mains glissent, viennent finalement prendre celles de Stephen pour entrelacer leurs doigts.

« You are going to be a father, Stephen, commence-t-elle d’une voix douce. I am pregnant. »