You say Witch like it's a bad thing ☽ Clea

Son corps est endolori, encore marqué par les épreuves subies par ce dernier dans le labyrinthe des ruines du temple de Caledhel dans lequel les Strange ont passé de longues heures à se perdre. Elle s’était attendue à ce que son ancêtre mette au point un système de sécurité assez puissant pour protéger l’artéfact en son coeur mais à ce point ? Clairement pas. Elle peut encore entendre la voix caverneuse et intimidante de Dormammu qui résonne dans sa tête, écho de ses craintes les plus profondes qui ont marqué ses pas dans le dédale de couloirs sombres, froids et angoissants. Les sorts jetés sur les lieux ne faisaient qu’exacerber les peurs de l’un et de l’autre, séparés jusqu’au centre du labyrinthe infernal. Clea pousse un long soupir tout en se passant une main sur son visage, dépitée de ne pas réussir à fermer l’oeil tandis que près d’elle, blotti contre son flanc, Stephen dort d’un sommeil de plomb. Elle tourne la tête, sa main vient doucement remettre en place l’une des mèches rebelles qui lui tombe sur le front pour ensuite laisser glisser ses doigts sur ses pommettes. C’est tout juste si il réagit, à peine un léger soupir qui s’échappe entre ses lèvres avant de resserrer son éteinte autour du corps de la sorcière, cachant son visage dans le creux de son cou. La jeune femme reste là, à fixer le plafond de la chambre qu’ils occupent dans le palais, tout en caressant distraitement le bras qui enserre sa poitrine avec douceur mais fermeté. Elle n’a de cesse de se repasser en boucle les évènements de la veille, de cette sensation étrange au moment d’utiliser sa magie, comme si quelque chose interférait avec et l’empêchait de l’utiliser à pleine capacité. La reine rejette la faute sur les lourds maléfices qui pesaient sur les lieux sans pour autant être convaincue par son explication toute faite; pourquoi la magie de Stephen n’en a-t-elle pas été elle aussi, affectée ? Il est fortement improbable que son ancêtre ait eu les moyens mystiques de mettre en place des barrières affaiblissants uniquement l’essence magique des Mhuruuks. Il lui faudra approfondir sa réflexion sur le sujet. Pas maintenant, plus tard. Sa tête se blottie contre celle de Stephen, observe un peu distraitement l’alliance à son doigt puis elle laisse finalement à son corps un peu de répit.

Clea sursaute dans ce même lit duquel le couple n’a toujours pas bougé. C’est un violent frisson désagréable qui parcourt tout son corps, un peu de ceux que l’on a lorsqu’on a un mauvais pressentiment. La Terre est en danger. Délicatement, Clea s’extirpe d’entre les bras de Stephen qui dort toujours tout contre son épouse. Il ouvre les yeux, des yeux toujours remplis de fatigue ainsi que de détermination, mais alors qu’il commence à se redresser dans le but de suivre sa femme, Clea le stoppe directement. Elle sait que si elle le laisse faire, il l’accompagnera malgré le fait que son organisme humain ait encore besoin de se reposer. La blonde se penche sur son époux, dépose un baiser contre son front.

« Rest, my love. » Murmure-t-elle en utilisant subtilement sa magie pour le replonger dans un sommeil profond.

Ancien tour que Stephen avait la mauvaise habitude d’utiliser contre Clea lorsqu’ils n’étaient qu’un jeune couple et qu’il n’arrivait pas à plus ou moins museler son inquiétude. D’un geste de la main, l’étoffe de son justaucorps violet vient recouvrir sa peau nue, l’Oeil d’Agamotto reposant contre sa poitrine et sa couronne retenant les Flammes de la Régence scinde à présent son front. Après un dernier regard sur son mari, elle s’engouffre finalement dans le portail qu’elle vient d’ouvrir en plein milieu de leur chambre à coucher. L’atmosphère apaisante et l’environnement fleuri de leurs appartements disparaissent pour laisser place à un musée dans laquelle plane une aura mystique que la Suprême n’a pas de mal à reconnaître. Ses poings se serrent, on ne peut pas dire que la Faltine porte Amora dans son coeur et leurs rencontres ont toujours été… Intéressantes et conflictuelles. Elle n’a pas besoin d’utiliser sa magie pour localiser l’Asgardienne, il lui suffit de suivre les murmures interloqués des humains qui ne s’attendaient pas à la présence de la blonde entre ces murs. Il n’y a, de toute façon, qu’un seul objet qui peut avoir attirer l’Enchanteresse jusqu’en Irlande : un artéfact hautement protégé par les Suprêmes consécutifs de la Terre et aujourd’hui, par Clea.

Tandis que la voix d’Amora résonne dans la pièce, les murs commencent à se distordre, à se plier dans un bruit de craquement de verre, les deux sorcières se retrouvent enfermées dans la dimension miroir. Trop d’humains sont présents dans ces lieux, trop de potentielles victimes si les deux femmes en venaient à se confronter autrement que par les mots. Sortant de l’obscurité, Clea s’avance, le regard rivé sur son ennemie du jour.

« Long time no see, Amora. Lance-t-elle. Nice to see that you took an interest in Earth’s culture and History, though I’m not sure this is purely genuine. »

Toujours calmement et posément, la souveraine termine de s’avancer jusqu’à l’Enchanteresse afin d’être au même niveau qu’elle. Les grands yeux clairs de la sorcière se pose sur l’artéfact protégé par une mince vitrine de verre, les humains lambdas ne se doutant pas de ses pouvoirs cachés. D’un vague mouvement du poignet, le bouclier des Seraphim vient englober la totalité de la vitrine afin de le protéger des intentions d’Amora.

« I’m afraid I cannot let you take this medallion; it belongs to Earth and it won’t go into the wrong hands. Right now, yours. »

Le regard de Clea se durcit alors qu’il revient se poser sur l’Asgardienne.

« Go back from where you came from, I have no time for futile fights with you. I am no man and your tricks have no power over me. »

Elle n’a pas, comme ces prédécesseurs et autres, cette faiblesse d’homme. Ses charmes n’ont aucun effet sur elle, ne l’atteignent pas. Non loin d’elle l’idée de sous-estimer son ennemie, Stephen lui a enseigné le contraire, elle n’a pas peur de cette femme qui se croit tout permis. Sûrement aurait-elle besoin d’une énième leçon et d’une autre défaite.

Clea aimerait, pour une fois, que les choses soient simples. Que la personne s’opposant à elle, à son autorité, l’écoute et fasse demi-tour. C’est ce qu’il pourrait se passer si elle vivait dans un monde parfait or, c’est loin d’être le cas. Bien sûr qu’Amora ne va pas juste repartir de là où elle vient, la tête baissée et son égo bafouée. Ce serait bien trop facile et bien moins satisfaisant également pour son adversaire qui clairement, à la nette intention de faire grincer des dents à la blonde. La souveraine n’est pas du genre à se plaindre, elle se plie à ses responsabilités sans jamais oser remettre en question le jugement ou les décisions des Vishanti. Pas de vive-voix, en tout cas. Mais aujourd’hui, elle aurait préféré ne pas avoir ce rôle en plus, ne pas devoir s’occuper de la Terre qui attire beaucoup trop d’êtres mystiques malveillants, cela devrait être le rôle d’un autre. Celui de Stephen. Le titre finira bien par revenir à Billy, dans plusieurs années, lorsque sa formation sera achevée et qu’il sera prêt à reprendre le flambeau de Suprême de la Terre. En attendant, Clea prend sur elle, fait preuve de patience qui aujourd’hui est un peu limitée à cause de la fatigue qui engourdi encore son corps.

« I hoped you wouldn’t make a scene but I guess I was being too optimistic and naive. » Soupire Clea, avec clairement du dépit dans le regard.

Le visage de la Suprême affiche un air blasé, las et sa non-envie d’être là, enfermée dans la dimension miroir en présence d’une personne qu’elle n’apprécie guère. Non, pardon, qu’elle déteste. Les deux jeunes femmes ne se supportent pas, ne se sont jamais appréciées et ne s’apprécieront jamais. Tout dans l’attitude de l’Enchanteresse exaspère la Faltine au plus haut point; sa façon se prendre tout pour acquis, son égo surdimensionnée. Clairement, un peu d’humilité ne lui ferait pas de mal. Si l’Asgardienne ne se montre pas agressive, il est clair que cette dernière n’a qu’un seul but à ce moment précis, jouer sur les nerfs de Clea. Heureusement, des années de méditation ainsi que d’apprentissage pour garder son calme permettent à la blonde de ne pas tiquer face à l’attitude hautement agaçante de l’autre blonde. Si cela peut l’amuser, qu’elle le fasse, elle ne va pas bien rire bien longtemps lors que Clea décidera de mettre fin à ce tête-à-tête désagréable. Elle ouvre la bouche dans l’intention de parler mais elle est devancée par l’Enchanteresse.

Les mots résonnent dans l’esprit de Clea qui se fige brusquement. Ses yeux sont rivés sur Amora qui ne cesse d’afficher son sourire incroyablement agaçant mais la jeune femme ne le voit plus. Son rythme cardiaque vient d’augmenter en flèche tandis que son cerveau est en standby avant qu’un millier de pensées ne déferlent violemment dans sa tête. Pourquoi l’Enchanteresse lancerait-elle ça sans avoir une bonne raison ? Cela n’aurait absolument aucun sens, aucun contexte et si le doute ne planait déjà pas dans l’esprit de la Suprême, n’aurait absolument aucun impact sur elle. Les murs se rapprochent, le plafond se fait plus bas et l’impression d’étouffer commence à envahir Clea. Tout comme la panique. Les mots pernicieux d’Amora n’en finissent pas de tourner en boucle dans sa tête et en même temps, son esprit commence à réaliser que certains désagréments qu’elle mettait sur la fatigue, sur les épreuves du labyrinthe n’étaient d’autres que des symptômes. Tout prend subitement un sens tandis qu’elle revoit sous ses yeux la silhouette enfantine l’ayant guidée dans le dédale des couloirs du labyrinthe. Cette même silhouette qu’elle pensait n’être qu’un écho du passé, un reflet de la gamine qu’elle était, sans pour autant être entièrement convaincue par l’apparition à cause des yeux brillants d’un bleu qui ne lui appartenait pas. La tête lui tourne, le souffle lui manque, tout est amplifié par ce maudit sort qui fait que les murs de la dimension miroir se rapprochent dangereusement d’elles, faisant de l’environnement un endroit de plus en plus étriqué. La sorcière n’y arrive plus, ne parvient plus à garder son calme devant tant d’éléments.

« ENOUGH ! » Hurle-t-elle, une onde de choc mystique venant faire exploser le petit sort de l’Enchanteresse ainsi que, bien malgré elle, les murs de la dimension miroir.

Elles sont de nouveau visibles aux yeux de tous et les visiteurs sursautent en voyant les deux sorcières apparaîtront. Le souffle de Clea est entrecoupé, d’un geste de la main et en utilisant un taux bien trop élevé de magie, elle renvoie tous les humains présents dans le musée chez eux. Son niveau d’énergie mystique baisse drastiquement, la laissant légèrement blafarde et malgré ses gènes Faltines, la magie ne se reconstitue pas aussi vite que d’habitude. Un nouveau signe, une nouvelle preuve que les mots hasardeux d’Amora ont dévoilé une vérité inattendue que Clea aurait préféré découvrir d’une toute autre façon. Sa poitrine se soulève à un rythme frénétique, elle sait qu’elle a perdu son sang froid et qu’elle sait, en même temps, mise dans une position compromettante. Si seulement elle pouvait être un peu plus comme Stephen, être en mesure de tout encaisser en gardant un visage neutre, une expression détachée. Mais elle ne le sait pas, elle est trop expressive, ses émotions prennent trop le dessus et c’est l’une de ses plus grandes faiblesses.

« I am warning you, Amora, leave now or face the consequences. I am done playing your little game and I intend to chase you away, I won’t hesitate to harm you if I need to. »

Afin de prouver à l’Enchanteresse que ces mots ne sont pas de vaines paroles, elle invoque les Flammes des Faltines, sort puissant mais qui ne lui prend que très peu d’énergie mystique, ce dernier étant lié à sa propre nature de Faltine. Les Flammes entourent ses poings, remontent lentement le long de ses avants-bras. La Pierre précieuse incrustée à sa couronne de souveraine et contenant les Flammes de la Régence se met à briller avec intensité. Il en convient maintenant à Amora de choisir de s’en aller sans anicroches ou goûter à la magie de la Suprême qui est bien décidée à faire mordre la poussière à son ennemie.