Grey Paradise • Erik • Anna Marie • Scott

Grey paradise

Un simple geste du menton, un regard ferme. Il n'en fallait pas plus à Magnus pour se faire comprendre de ses troupes triées sur le volet pour cette nouvelle mission. Les six mutants de la Confrérie se noyèrent dans la foule après avoir escorté leur leader au milieu du District X. Non pas que le maître du magnétisme ait réellement besoin d'être protégé en soi, mais sa longue vie semée d’embûches et d'ennemis avait forgé son expérience et une certaine propension à ne jamais trop sous-estimer ses adversaires, en particulier lorsqu'il s'agissait de sortir en public tout en étant dans le top cinq des terroristes internationaux les plus recherchés.

Ce n'était pas tant le X-men qu'Erik craignait, qu'une descente des autorités ou de quelque groupuscule sectaire anti-mutants ou même de milices de laboratoires envoyés pour collecter des cobayes et décidant de faire une rafle sur le District. Armés dès lors en conséquence pour affronter des mutants. Depuis Ultron, et les Sentinelles traqueuses, autant dire que Magnus avait plus que doublé sa paranoïa déjà forte en la matière. Il lui suffisait de promener son regard sur les rues sales et les mutants sans domicile qui y erraient pour savoir que tôt ou tard, cette poudrière latente exploserait à la face du monde, et pas seulement dans ce quartier de New York. Le Retour avait plongé ses congénères dans la misère aux quatre coins du globe.

Car clairement, c'était bien plus ces menaces-là que la Confrérie combattait quotidiennement, plutôt que les X-men, avec lesquels ils ne s'affrontaient au final que ponctuellement, lorsque les circonstances les y amenaient. Avec Charles, les choses avaient toujours été complexes et ambiguës, et bien souvent un respectueux status quo était instauré par défaut entre les deux camps mutants. Après tout, la localisation de l'Institut n'était pas un secret, et pourtant la Confrérie ne les attaquait pas outre mesure. Et vice-versa. Depuis le Grand Retour, les rumeurs couvaient ce secret de polichinelle qu'était la présence insidieuse de Magnéto et des siens au sein du District X. Bien protégés derrière la triste et dangereuse réputation de ce quartier quasiment entièrement peuplé de mutants, et des plus protecteurs concernant leur territoire. Les autorités avaient assez à faire pour ne pas tenter plus que nécessaire de venir faire des raids dans la zone. Les derniers ayant failli très mal tourner.

Dents-de-Sabre partit sur les toits, les autres chacun de leur côté pour s'assurer de sécuriser les lieux le plus subtilement possible, sans entraver les allées et venues de la population.

« N'oublie pas, Rogue. Marrow oeuvre pour la même cause que nous, juste différemment. Elle n'est pas, et ne doit pas, devenir notre ennemi. Quant à Scott, il ne doit pas non plus en être un pour nous aujourd'hui... hormis extrême nécessité, bien entendu, » rappela Erik en tournant temporairement son regard vers la jeune mutant à la mèche blanche qui se tenait à ses côtés. Ils marchaient vers l'impasse qui avait servi de piège. Il avait tenu à sa présence pour bien des raisons, qui ne tarderaient pas à se révéler dès que son ancien coéquipier X-men se joindrait à eux. Il avait été clair avec elle, aussi n'avait-elle pas intérêt à faiblir en termes de convictions face au brun aux yeux rouges.

« Marrow... » déclara-t-il en apercevant la cheffe des Morlocks sortir de son anonymat pour les approcher, les gratifiant d'un simple mouvement de tête. Toujours méfiante. Erik ne l'avait vu que très rarement et chaque fois, cela avait été avec un respect certain envers elle. A ses yeux, ils étaient dans le même camp. Il regrettait simplement qu'elle et les siens continuent de se terrer comme des pestiférés alors que le monde devait au contraire appartenir aux mutants comme à n'importe qui d'autre, sans honte ni peur. « Ravi que tu aies accepté notre invitation... » Il savait la mutante peu bavarde et recluse, ce qui ne le dérangeait pas le moins du monde, lui-même étant plutôt du genre peu loquace lorsque rien ne nécessitait de parler.

Ils arrivèrent peu après dans la fameuse ruelle. Erik fit un signe de tête à la mutante nonchalamment adossée contre le mur à l'entrée de l'impasse. Rodée, Lady Mastermind se chargea d'user de ses illusions pour s'assurer que celle-ci apparaissait déserte à tous les passants de l'autre rue et d'ailleurs. Alors Erik put observer sans crainte la large carrure du chef des X-men qui au loin détaillait les lieux, comprenant visiblement le leurre. Au sol, à la place où aurait du se trouver le mutant en détresse, se trouvait tout bonnement le casque emblématique de Magnéto. Ce dernier avait été utilisé pour leurrer le Cérébro et cacher le mutant en détresse, une fois sûr que le leader des X-men était bien sorti à sa recherche. Charles avait le Cérébro, Erik avait ses mutants espions. Cela faisait des jours qu'il tentait d'attirer Cyclope dans la zone, mais à chaque fois, c'était un autre X-men qui était venu. Alors la Confrérie était restée silencieuse et calme. Avait laissé faire. Jusqu'à voir enfin le bon poisson pointer le bout de son nez.

Bien sûr, les premières piques verbales ne tardèrent pas à fuser de la part du X-men en guise de bonjour, ce qui fit sourire Erik arrêté à quelques mètres. Pour toute première réponse, le casque noir et gris se mit à léviter, pour mieux venir tout droit dans la main de son propriétaire. Ce dernier usa de son pouvoir le plus simplement du monde, sans quitter Scott des yeux, pour liquéfier le métal du casque par la pensée et le faire ramper discrètement telle une eau sombre et vivante sous sa manche, tout contre sa peau. Le métal liquide se stabilisa comme un cercle autour du haut de son bras gauche pour ne plus bouger, bien caché sous sa chemise noire, rangement des plus pratiques et prêt à se déployer sur sa tête au moindre problème télépathique. Il n'avait pas besoin de se cacher de Charles en cet instant. Ce dernier saurait bien assez tôt les tenants et aboutissants de cette rencontre en sondant l'esprit de son protégé à son retour.

« La vue me manque parfois, mais il était temps de redescendre sur Terre je suppose, histoire de ne pas perdre de vue les raisons de nos convictions, » répliqua-t-il au sujet de l'Astéroïde M, ancien quartier général de sa milice confrériste. Véritable astéroïde en orbite autour de la Terre, épée de Damoclès menaçant de son ombre les Homo Sapiens scotchés au sol. « Oh, ils ne sont jamais loin, tu t'en doutes forcément, mais quelle importance au final alors que je suis entouré d'amis ici, » ajouta-t-il, amusé, en parlant des habitants du District, alors que Creed, radar vivant aux sens aussi acérés que ses instincts primaires, veillait depuis les toits que rien ne vienne déranger leur petit rendez-vous. Surtout pas un quelconque Quinjet noir bardé d'un aigle impérialiste. Il arqua un sourcil en regardant un instant Marrow à côté de lui, avant de reporter son regard sur le X-men. « Attention, tu risquerais de la vexer... Marrow, leader des Morlocks, voici Scott Summers, chef d'équipe des X-men. Je ne te présente pas Rogue... » Ton cordial, légèrement provocateur, comme d'ordinaire lorsque leurs deux camps se faisaient face. Il savait que la présence de Rogue à ses côtés avait de quoi perturber un tant soit peu le boy scout de l'Institut.

« Tu excuseras ma petite ruse pour t'attirer sur notre humble territoire, mais faire sortir l'un des X-men les plus précieux de ce cher Charles hors de sa tour d'ivoire n'est pas aussi aisé qu'on pourrait le croire, » s'amusa Erik, qui ne le quittait pas de ses yeux perçants et gris. Il ne ratait rien des mouvements méfiants et alertes de son interlocuteur, qui avait toutes les raisons d'être stressés et sur ses gardes. Après tout, il était seul, entouré de tout sauf des alliés. « Nous ne t'avons pas fait venir pour combattre, Scott. Aucun mal ne te sera fait ici hormis si c'est ce que tu cherches toi-même. Tu as ma parole. »

On pourrait croire que la parole d'un terroriste avait peu de valeur, sauf qu'Erik avait toujours fait en sorte de tenir les siennes tout au long de sa vie, raison même pour laquelle il s'était attiré tant de problèmes. Quand il promettait à des mutants traqués et apeurés qu'il les protégerait, et que cela l'amenait à anéantir plusieurs escouades du SHIELD, on ne pouvait pas dire qu'il n'était pas un homme de parole. Il ne la donnait d'ailleurs que rarement à la légère, précisément parce qu'il s'y tenait. Alors quand il disait, avec une conviction sincère, que rien n'arriverait à son adversaire aujourd'hui, c'était bel et bien que le maître du magnétisme serait en mesure de balayer quiconque déciderait du contraire en bafouant son autorité ouvertement.

Message hors-jeu:

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« C'est vrai qu'il n'est arrivé que du bon chez les X-men, » ironisa Erik en percevant les mises en garde de Scott à l'égard de Marrow. Rien qui ne l'alarmait outre mesure. Bien avant de la rencontrer, les rumeurs sur sa forte personnalité l'avaient précédé, et les retours de Raven, en première ligne pour établir le contact et le renforcer, n'avaient fait que les confirmer. Aussi n'était-il pas très inquiet de l'impact que les paroles du boyscout de Charles pouvaient avoir sur la cheffe des Morlocks. Elle était son propre chef, elle suivait sa propre voie. A aucun moment Erik ne se sentait responsable de sa présence ici avec lui. Elle aurait parfaitement pu poser un lapin à son invitation, c'était même pour ainsi dire ce à quoi il s'était attendu. Elle s'attela de toute manière très vite à démontrer toute l'ampleur de cette réputation par ses répliques piquantes à l'égard de Cyclope, ce qui étira un sourire en coin sur le visage du leader de la Confrérie.

Sourire qui perdura en avisant le signe de la main du X-men, qui se voulut intransigeant sur le temps à accorder à cette embuscade poliment effectuée. « C'est tout ce que je demande, Scott, » répondit-il en s'inclinant très légèrement en guise de remerciement pour ce temps accordé. Il observa sa propre montre afin de noter mentalement en synchronisation ledit temps accordé à sa faveur. A vrai dire, ce temps accordé avait commencé à oeuvrer dès l'instant où il avait mis un pied à l'intérieure de la frontière séparant le District X du reste de la ville. Pour arriver jusque dans cette ruelle, il avait déjà dû être témoin d'un morceau de cette misère rampante qui gangrenait le quartier. Un morceau seulement. Marrow et lui étaient là pour dévoiler le reste. Le pire, du reste, très précisément.

« Si tu veux bien, » l'invita Erik en tendant le bras et la paume pour lui intimer de les suivre, tandis qu'il se remettait en marche pour quitter la ruelle. Etant donné les rares minutes accordées, et ne souhaitant pas devoir user d'un semblant de force contraignante pour faire rester le X-men et le forcer à l'écouter davantage, il marcha rapidement. Sa milice suivait, à l'abri des regards, sur les toits ou perdue dans la foule des passants et des sans-abris. Il n'eut pas à aller loin, il avait précisément tendu ce piège dans cette impasse pour sa proximité avec la première étape de son sujet de conversation. Pour ne pas dire de son plan. Il quitta l'axe principal pour repartir dans une autre ruelle, qui n'était en revanche pas une impasse cette fois-ci, mais simplement une rue moins fréquentée que celle qui traversait le district.

Sur le mur de briques de droite, au-dessus des clochards souvent difformes de par leurs mutations, qui dormaient étalés contre sur les trottoirs, des dizaines d'affiches et de photos étaient accrochées, salies par la pollution ou simplement de mauvaise qualité d'impression. Erik s'avança vers le mur, et finit par poser son index sur l'une des photos.  

« Jerome Hartford. Disparu il y a neuf jours à deux rues d'ici. » Il avança le long du mur, posa son index sur une autre photo. « Melinda Lawry et sa soeur Annabelle. Disparues avant-hier, dans la ruelle où nous étions. » Erik continua ainsi à marcher lentement, désignant du doigt sur les papiers différentes personnes qui avaient pour point commun d'avoir littéralement disparu de la circulation sans avoir prévenu personne, sans avoir été répertoriées dans des transports en commun, sans aucune raison. Arrivé au bout du mur il revint vers le milieu de la ruelle pour se replacer à quelques mètres face à Scott qui avait, en toute logique, suivi le pas. Il planta un regard cette fois plus vraiment amusé dans ses lunettes rougeâtres.

« Toutes ces personnes sur le mur, sont portées disparues depuis peu après notre fameux "Grand Retour". Toutes. » insista-t-il en gardant la main levée vers le mur en question sur sa gauche désormais. La colère au fond de sa voix, bien que contenue, était néanmoins perceptible. Celle qui avait fait sa réputation de porte-parole et de protecteur intransigeant et extrémiste. « Et toutes les noms que j'ai cités... sont ceux de cadavres désormais, » ajouta-t-il avec rancœur, sortant de la poche intérieure de son manteau noir une petite dizaine de photos qu'il jeta au sol, aux pieds du X-men. Des photos dévoilant des corps inertes étendus sur des tables de dissection dans une sorte de morgue, ou dans des fosses communes. « Un laboratoire que nous avons trouvé, trop tard, comme tu le vois... Crois-tu que cela soit normal, Scott, que les politiques s'arrangent pour ne rien améliorer des conditions de vie des mutants ici ? Ici et ailleurs, dans tous ces autres bidonvilles qui ont émergé de nulle part... et pour lesquels étrangement aucune politique économique ni sociale n'est seulement envisagée ni proposée. Sans surprise. »

Clairement cynique, mais nullement agressif envers le X-men lui-même mais plutôt envers ce destin perpétuellement néfaste qui s'abattait sur les siens, Erik fit quelques pas vers son interlocuteur sans le lâcher de ses yeux gris. « Ni le SHIELD ni aucune police n'osent mettre le pied dans ces quartiers sous prétexte que les mutants y sont agressifs, mais la vérité est bien plus simple : en parquant les mutants dans un même endroit où les autorités refusent de venir, il est bien plus facile d'y commettre des crimes sans risquer de voir les médias et les enquêteurs y mettre leur nez... Quoi que te dise Charles, personne ne se soucie des mutants, à part les mutants, Scott. Pire encore, tout est fait pour les pousser dans leurs retranchements... » Il fit un dernier pas pour se planter vraiment face à lui, sans sourciller face au reflet rouge que lui renvoyèrent ses lunettes, bien au contraire. « Tu as vu la misère qui règne ici. Le mépris. Que crois-tu qu'il arrivera lorsqu'une bavure se produira dans ces rues ? Lorsqu'il y aura un enlèvement de trop parmi les leurs ? Que crois-tu qu'il arrivera lorsque la Confrérie trouvera des preuves de connivences entre ces kidnappings et des pontes encore corrompus de l'Etat et de multinationales pharmaceutiques, comme cela s'est produit tant de fois auparavant tu le sais parfaitement. Que crois-tu qu'il arrivera lorsque nous l'expliquerons ouvertement à tous ces gens ? Peut-être Marrow pourra-t-elle t'expliquer bien mieux encore que moi à quel point les humains, tout comme les X-men, sont dépassés et indifférents face à ce qui se passe réellement pour les nôtres... »

Une invitation claire pour la cheffe des Morlocks, si elle souhaitait à son tour expliquer les enjeux de pauvreté et de dangers que subissaient les mutants. Il fixa le X-men en silence après ces questions rhétoriques à n'en pas douter. Le chaos était la seule réponse logique. Il faisait clairement comprendre que la Confrérie ne se priverait pas d'informer le District X et ces gens en souffrance de ce qu'ils découvriraient. Ce n'était clairement pas la première fois que ce genre d'enlèvements se produisaient contre les mutants. La recherche génétique avait visiblement repris l'ascendant sur la recherche technologique, depuis l'apocalypse sous Ultron et les interdits internationaux sur la recherche en intelligence artificielle. Les mutants, la mutation, cela en revanche, demeurait toujours aussi profitable et manipulable pour tous ces scientifiques et industriels fous qui grouillaient dans l'ombre. « Charles est au courant. Il est, forcément, au courant. Il l'est d'autant plus car je l'ai laissé entrer dans ma tête pour voir ces images à tes pieds. Alors dis-moi, Scott. Qu'a-t-il donc prévu pour faire face à ces émeutes inévitables à venir, dis-moi ? A moins qu'il ne t'ait pas mis dans la confidence, ce qui serait regrettable... »

Oui, Charles savait forcément, même si à aucun moment il n'avait parlé par télépathie à Erik. Et il était tout aussi du genre à garder ses secrets le temps d'élaborer un plan à son tour, une idée. Sans comprendre que le plan d'Erik, précisément, avait été de le pousser à méditer sur ce sujet de grande ampleur sans de suite se confier à ses X-men, car un sujet si sensible n'avait pas de solution entièrement positive, et diviserait forcément son équipe dans des débats houleux sur les actes à avoir. Un petit grain de sable dans la grande roue de confiance de Saint-Charles-Xavier. Et le maître du magnétisme comptait sur Marrow pour y rajouter le sien, non sans une réelle sincérité sur le sujet des Morlocks et de leurs conditions de vie. Il devait rester une minute et quelques. Amplement suffisant pour implanter un doute efficace dans l'esprit du leader face à lui.

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Le message de Marrow était on ne peut plus clair aux yeux d'Erik. Il saisissait sans mal les sous-entendus cachés autant que pleinement assumés qui franchissaient les lèvres de la cheffe des Morlocks, quand bien même s'adressait-elle à Scott de prime abord. Le maître du magnétisme le savait depuis le début, pour avoir envoyé Raven étudier les Morlocks longuement et lui faire un rapport : jamais Marrow ne se soumettrait à une quelconque autorité annexe. Seule une alliance de circonstance, pour des intérêts communs, pouvait être envisagée. Et là encore, il ne serait pas aisé de la convaincre. Mais Erik était patient, il avait une longue expérience de la vie et des individus sous toutes les personnalités possibles existantes en ce monde. Et aujourd'hui, il se trouvait entouré de deux personnalités extrêmement fortes et entêtées. Deux leaders de milieux parfaitement opposés : un institut de luxe au confort en tout point parfait, et les égouts. Amusant, pensa Erik. Involontaire au départ, mais pouvant jouer en sa faveur.

« Il ne s'agit pas de gagner ici. Il s'agissait juste de te mettre au courant, » commenta Erik lorsque Scott s'avoua convaincu par son discours au point d'éteindre son chronomètre. Bien sûr, Marrow joua le rôle exact qu'Erik lui avait indirectement attribué en l'invitant à venir parlementer avec eux : celui d'un autre point extrémiste de la cause mutante, encore différent de celui de la Confrérie. De quoi élargir les horizons analytiques du leader des X-men. La Confrérie était loin d'être un élément isolé du paysage mutant à ne pas vouloir s'intégrer docilement à la société humaine, à vouloir courber l'échine pour se faire accepter par ses propres tortionnaires.

« Vous ne ferez qu'augmenter le nombre d'avis de recherche [...] vous les autorisez à le faire au grand jour. S'il y a une chose pour laquelle ils sont doués, c'est bien pour répondre aux représailles. » Le fer de lance de l'Institut était piqué à vif, et le débat pouvait commencer, ou plutôt, recommencer. C'était quelque part ce sur quoi Erik comptait, avec Marrow cette fois dans la balance. « Parce que ne rien faire et les laisser poursuivre dans l'ombre et l'indifférence générale est mieux peut-être ? Cette bonne vieille technique de l'autruche que Charles vous répète depuis toujours. Ne pas réagir frontalement, envoyer les X-men agir en douce, soigner uniquement les symptômes sans jamais remettre en cause le coeur du problème ? N'en as-tu pas marre, Scott, de seulement arriver pour balayer et ramasser les débris qu'ils causent impunément, couvert par toute cette violence permissive institutionnalisée ? » l'interrogea Erik en contre-attaque verbale, un léger sourire aux lèvres et dans le regard.

Mais un sourire amer, et au fond, colérique, bien que bien caché par des décennies de pratique. La colère qui animait Magnus était permanente, latente, rarement frontale mais toujours présente au fond de ses mots, de ses gestes. « Nous n'avons pas à nous cacher, nous ne sommes pas des monstres. Et ce n'est pas en se comportant comme tel que nous arriverons à le prouver. » « Parce que tu en es encore à vouloir prouver quelque chose à des gens qui n'en ont absolument rien à faire ? Vous tentez de vous faire accepter par vos tortionnaires dans un parfait syndrome d'enfants battus qui reviennent vers la main qui les bat, inlassablement, sans jamais oser la mordre... et encore moins envisager qu'un autre chemin est possible. » Un chemin tracé par les mutants, et non soumis au bon vouloir et à la tolérance des humains.

Aux yeux d'Erik, ils représentaient chacun deux réactions face aux humains. Marrow avait choisi avec son peuple, de ne rien attendre des humains, de ne rien espérer, surtout pas une quelconque intégration, et de vivre leur vie de leur côté, bien que dans des conditions douteuses. De l'autre côté, Charles et ses mutants, qui tentaient tant bien que mal de s'accrocher à l'illusion d'une vie commune possible, à vouloir être appréciés de leurs bourreaux. « [...] Nous voulons améliorer les conditions des nôtres tout en cohabitants avec les autres. Pas en les exterminant. » « T'es-tu seulement demandé si c'était ce que eux voulaient aussi en retour ? Toute minorité au pouvoir n'est en rien enclin à lâcher une partie de ses pouvoirs dominants volontairement, et vos tentatives de rapprochement, par la paix, sont aussi menaçantes à leurs yeux que nos méthodes plus... frontales. A leurs yeux, s'associer aux mutants, c'est accepter de faire entrer le loup dans la bergerie. Jamais, à travers l'histoire, des droits n'ont été acquis en attendant docilement qu'ils soient donnés par les dominants. Comme pour les femmes, les minorités noires ou amérindiennes, ils nous font miroiter de futurs droits égalitaires... pour nous tenir au calme avec un espoir de jours meilleurs qui ne viennent jamais. Pendant qu'en douce, ils nous parquent dans des zones et nous exploitent comme des rats de laboratoire, » maugréa Erik en pointant le mur du doigt.

Il était dur pour lui de ne pas se laisser emporter un tant soit peu dans de tels débats, qui lui tenaient irrémédiablement à coeur. Attendre que les homo sapiens lâchent du leste au profit des mutants, c'était pour lui comme attendre que des criminels viennent tous seuls rentrer dans les cellules des prisons après leurs crimes.

« Pourquoi m'avoir montré tout ça ? » Erik se redressa légèrement, sans lâcher le X-men du regard, retrouvant un semblant de maîtrise malgré le sujet épineux qui les opposait. Mais qui pouvait aussi, les rapprocher, Erik le savait. Il le sentait. Il sentait que Scott, sous ses airs incorruptibles, n'était au fond pas aussi serein sur ses positions qu'il ne le laissait croire. Plus comme autrefois, du moins. Cela faisait des années qu'ils s'affrontaient ou s'alliaient en fonction des situations, et Magnus l'avait vu évoluer plus que lui-même ne se voyait probablement. Ce qui était clair, c'était que sa rigidité protectrice à l'égard des mutants, pourrait être manipulée, éclairée, pour être utile et plus efficace que ce qu'il ne faisait auprès de Charles. Quelque part, Scott lui faisait penser à lui-même, sous certains traits.

Erik s'éloigna un instant de Scott, fit quelques pas avant de répondre enfin à sa question, le regard perdu sur les affiches encore au mur. « Pour que tu comprennes, réellement, que l'attentisme bienveillant de Charles, ne fonctionne pas. Combien de décennies à oeuvrer de la sorte, pour quel résultat ? Celui-ci ? Les mutants étaient au front face aux Skrulls, face à Ultron, utiles et donc tolérés par les humains pour survivre, et à présent que l'ennemi est vaincu, voilà comment ils nous remercient ? Seulement de vagues remerciements et un retour à la routine d'antan. Marrow te l'a dit, les Morlocks et mutants vivent dans la peur de tabassages chaque jour qui passe. Aucun ne peut trouver d'emploi avec une mutation physiquement visible, et les autres se font passer pour de simples humains pour en garder un ! Combien de temps encore avant que tu n'ouvres les yeux ? Ils ne veulent rien nous lâcher, ils ne veulent pas de nous. Mais vous, vous continuez à vouloir être acceptés par eux. Vouloir s'insérer dans la société humaine actuelle, avec nos pouvoirs, est absurde. A nous seuls nous pourrions résoudre la majorité des problèmes de ce monde en termes d'énergie, de famine, de rareté de certaines ressources. Au lieu de nous cantonner à faire des tableaux excel dans des bureaux ou porter des charges lourdes dans les usines, en faisant comme si nous étions de simples humains. »

Or, jamais le lion ne chercherait à se faire accepter par les antilopes, pensa secrètement Erik. Pour Erik, vouloir se faire accepter des homo sapiens était révoltant, insultant, rabaissant pour les capacités incroyables des mutants. Et il savait ne pas être seul à penser de la sorte. Il regarda Marrow toujours non loin, avec ses affiches ramassées. Enfin décidé à dévoiler la raison de cette entrevue, il revint face à Scott.

« La méthode de Charles ne fonctionne pas. La mienne non plus. Voilà pourquoi, toi, tu pourrais faire la différence, Scott, » lâcha-t-il en soutenant ses lunettes rougeâtres de ses yeux acier. Il se doutait de l'effet de surprise qu'il provoquerait probablement un tant soit peu. Autant chez lui, que chez Marrow. « Bien que nous ne soyons que rarement d'accord sur les méthodes, nous le sommes sur une chose : la protection des nôtres. Il y a longtemps que je cherche une solution et longtemps que je t'observe. Les mutants sont au bord de l'implosion, non seulement dans ce district, mais dans tous les pays du monde. Comme je te l'ai dit, que je sois là ou non pour envenimer la chose comme tu dois le penser, cela explosera, et si personne n'émerge des foules, elles seront incontrôlables. Tu pourrais croire que c'est ce que j'espère, mais ce n'est pas le cas, si à la fin rien n'est productif pour notre cause. »

D'un geste de la main, paume ouverte devant lui vers le ciel, Erik fit venir des débris de métaux traînant dans la ruelle pour former de multiples pièces métalliques. Elles s'assemblèrent pour former un robot humanoïde miniature de quelques centimètres de hauteur : Ultron. Un mauvais souvenir pour tous. Erik lui-même était tombé sous le joug de ses Sentinelles tueuses durant la dernière bataille. Peu avant que sa fille ne les ramène tous.

« Aujourd'hui, nous avons une fenêtre d'action. Les lois internationales interdisent toute recherche poussée non signalée sur les intelligences artificielles depuis Ultron. Ce qui impose à Trask et autres du genre, de déclarer leurs projets, voire de ne même pas les entamer, même en secret, de peur d'être traduits directement en justice sous la nouvelle loi de terrorisme technologique. Le gouvernement contrôle drastiquement tous les industriels du secteur, car il est à cran sur l'I.A. comme toute la planète, à juste titre, ce qui refroidit toute possibilité, pour le moment, de faire accepter un projet Sentinelles ouvertement par un quelconque gouvernement. Ne vois-tu pas l'opportunité formidable qui s'offre à nous, Scott ? » expliqua Erik en faisant un pas de plus vers le X-men. Il referma sa paume, et la miniature d'Ultron se compressa simultanément pour être expédiée au sol négligemment.

« Tu vaux bien plus que ce que Charles te limite à faire pour lui. Tu pourrais devenir le véritable visage des mutants, lorsque cette poudrière prendra feu. Car Marrow l'a bien dit, les Morlocks comme tous ces mutants n'ont plus rien à perdre, et c'est ce qui est dangereux, à la fois pour eux, et pour les humains. Or tu pourrais saisir cette chance pour mettre le gouvernement et la population humaine, devant un ultimatum qui ne serait ni trop compatissant, ni perçu comme terroriste, mais tout bonnement légitime. Tu pourrais être le juste milieu entre les X-men et la Confrérie, et rendre la dignité aux nôtres. Tu pourrais être le visage de la révolution dont nous avons tous besoin. »

Revolution, tel était le maître mot du plan d'Erik. Le maître du magnétisme avait tenté des dictatures violentes, des attaques planétaires, comme des coups en douce, pour échouer à chaque fois. Tout comme Charles avait échoué de son côté avec ses propres méthodes. Or pour Erik, désormais, il fallait trouver autre chose. Il fallait un nouveau visage pour que les mutants suivent : ni celui de Charles, ni celui d'un terroriste international. Il fallait un Martin Luther King de la cause mutante. Et il estimait l'avoir devant lui.

« Réfléchis-y, Scott. Mais réfléchis-y vite. Car le jour où les mutants vont se réveiller, ce sera la guerre civile. Si tu ne sors pas de ta zone de confort et de l'ombre de Charles, pour rediriger cette colère efficacement, je le ferai moi-même pour les protéger des représailles. Et Marrow aura tout le loisir d'agir avec les siens comme elle l'entend aussi de son côté. » Un dernier pas pour se retrouver à quelques centimètres du chef des X-men. « Mais si tu endosses enfin ce pour quoi tu es né, alors tu as ma parole que je me rangerai derrière toi. Moi et la Confrérie. »

Surprenant, de la part d'un chef aussi intransigeant que Magnéto. Dire qu'il n'avait aucun plan caché serait mentir, mais comme toujours, ses plans n'avaient qu'un seul but : aider les mutants, et non ses desseins personnels. Après un silence marquant, à toiser le X-men, Erik tourna son visage vers la cheffe des Morlocks. « Comptes-tu rester terrée avec les tiens quand le District implosera, Marrow ? Il ne sera qu'une question de temps avant qu'ils ne trouvent un jour ton repère... en tant que leader, tu le sais forcément. Et tu as forcément des plans pour réagir à cela. Si je vous ai réunis ici, c'est bien pour que vous sachiez tous deux ce qui risque fortement de se produire. Et dans la mesure du possible, éviter de nous retrouver une fois de plus à nous battre contre nous-mêmes, alors qu'au fond, nous ne voulons que protéger les nôtres. Alors... seras-tu une entrave ou une alliée, Marrow ? »

Rester neutre avait toujours des limites, tôt ou tard il fallait choisir un camp, même temporairement. Dans une guerre, surtout civile, ne pas choisir, c'était déjà choisir. Jauger les positions des deux était une nécessité stratégique pour Erik. Si Marrow demeurerait neutre, ou soutiendrait leur révolte, cela lui irait. Il voulait juste s'assurer que ses seuls ennemis resteraient bel et bien les humains les plus racistes. Et si Marrow était assez stratège, elle pourrait surtout y voir de fabuleuses opportunités pour les Morlocks, dans un nouveau monde où vivre à découvert ne serait plus punis de passages à tabac et de kidnappings pharmaceutiques.

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L'avantage d'avoir invité une personnalité forte comme celle de Marrow, c'était qu'avec sa franchise violente, elle était presque en mesure de faire passer Erik pour quelqu'un de calme et de raisonné. Ce qu'il était tout de même, de son propre point de vue, mais ce qui se voyait amplifié par ce seul contraste. La cheffe des Morlocks n'y allait en effet pas de main morte avec le leader des X-men. Cela tenait de l'embuscade, clairement, mais l'ancien détenu d'Auschwitz savait qu'il avait le cuir largement assez solide pour faire face à leur doublon calculé. A vrai dire, comme il le lui avait enfin expliqué après quelque suspense bien entretenu, il savait qu’il avait le cuir assez solide pour encaisser bien plus que tout ceci, jusqu’à devenir la figure de proue de la révolution dont les mutants avaient besoin. Attendre d’obtenir des droits sans les réclamer par la pression était voué à l’échec.

Pendant un instant, Erik, crut qu'il allait devoir intervenir pour empêcher que cela ne dégénère entre les deux mutants, tant la tension monta d'un cran au point d'en voir légèrement rougeoyer les iris du X-men derrière ses lunettes. En retrait, il laissa faire, et les deux mutants finirent par s'écarter sans en venir aux mains ou en l'occurrence, aux pouvoirs, et ce de peu. Ce qui intéressa davantage Erik, ce fut de voir la réaction des deux lorsqu'il énonça son idée quelque peu folle, en apparence. Eriger Scott en figure d'une révolution incertaine était osé mais le Confrériste n'était pas du genre à penser les choses à la légère avant de tenter de les mettre en oeuvre.

Evidemment, il pouvait imaginer d'ici le grognement intempestif de Dents-de-Sabre faisant le guet sur l'un des toits alentours, et dont l’ouïe affûtée n'avait probablement rien raté du discours de son chef. Erik savait néanmoins que les siens avaient une confiance aveugle en sa détermination, et si le maître du magnétisme avait décidé ce plan, c'était qu'il y avait une bonne raison. Alors, malgré leurs réticences, ils suivaient les ordres. Parce qu'au bout, ils savaient que peu importaient les méthodes, l'objectif ne changeait jamais.

« Je n'en attendais pas moins de toi, Marrow, et bien que je déplore en partie votre décision de rester en retrait, je la respecte, » répondit Erik à la propre réponse de la Morlock. « La dernière chose que je souhaite est de devoir affronter les miens. Aussi je peux t'assurer de la réciprocité de tes paroles : la Confrérie ne s'en prendra pas aux Morlocks, aussi longtemps que ces derniers en feront de même. Nous avons donc un accord officiel. » Sur cet acte verbalement validé, l'ancien détenu juif reporta son regard sur le X-men, qui venait de reprendre la parole, passé le petit choc dû aux paroles d'Erik sur sa vision de lui comme leader de la révolution.

« Un compliment... que j'accepte, » sourit Erik lorsque le X-men déclara que personne hormis lui et Charles ne pouvaient réussir où ils avaient échoué. Cela l'amusa quelque peu que de se voir inclus dans le lot. « Mais qui, bien que flatteur, ne reflète en rien la réalité. Charles et moi ne sommes pas les seuls à vouloir changer les choses en ce monde. Nous sommes même très loin d'être les seuls à en avoir la volonté ou la force. Partout s'élèvent de nouvelles voix, nous avons simplement occupé davantage le terrain... mais des alliés aussi ambitieux que nous, nous en avons chacun partout, sur chaque continent. »

Dans les quartiers sensibles, dans les parcs à mutants du monde entier, émergeaient des leaders locaux, des colères plus fortes que les masses, mais capables d'en user intelligemment pour se sortir de leurs enfers. Erik le savait, il voyait le vent tourner, et il savait tout autant que ses deux interlocuteurs le voyaient aussi, consciemment ou non. Marrow elle-même était l'une de ces voix, bien qu'elle oeuvrait pour demeurer dans l'ombre. Pour le moment.

« Pourquoi toi ? Et bien, pourquoi pas. Tu as les compétences pour mener des hommes depuis toujours, et tu as la force de conviction nécessaire pour motiver tes actions tout en demeurant réfléchi. Je n'allais clairement pas faire cette proposition à Wolverine, tu t'en doutes. Accessoirement, tu n'es pas catalogué terroriste international... ma visibilité est figée en ces termes depuis trop longtemps pour espérer apparaître autrement aux yeux des indécis, ou pas sur un temps court. Je ne suis pas du genre à complimenter mes adversaires gratuitement, mais toi et moi avons un passé assez complexe pour savoir que nous n'avons pas toujours été en opposition. Je ne vois pas de raison pour que cela n'arrive pas de nouveau. Tout ce qui m'intéresse ici, ce n'est pas toi, mais eux, » expliqua-t-il en levant le bras vers le mur des disparus, et plus encore, le quartier tout entier représentant leur peuple opprimé.

« Si tu représentes le moyen d'arriver à nos fins à tous, d'arriver à sortir nos frères et soeurs de ce cauchemar ignoble et insultant, je ne vois aucune raison de ne pas te soutenir, Scott. C'est aussi simple que ça, » rappela-t-il.
« A condition que tu assumes pleinement ce rôle. Car si tu ne le fais pas, et si personne d'autre ne le fait lorsque cela explosera, et bien... je le ferai. Ce qui forcera Charles à intervenir. Et notre vieux cycle reprendra sa course. Les X-men seront pris entre deux feux, les autorités, et les mutants révoltés, parmi lesquels moi et les miens serons. Il y aura des combats. Au final, comment réagira un monde déjà las et épuisé des derniers conflits ? Le gouvernement ? Peu de chance que cela se solde par davantage de droits et d'intégration pour nous, mais plutôt l'inverse. Un fabuleux air de déjà-vu. »

Une dernière fois, Erik s'avança près de lui pour lui faire face, tandis qu'il intimait via ses pouvoirs au métal liquide placé le long de son dos de remonter sa nuque pour venir se reformer sur sa tête sous la forme de son casque habituel. « Mets-toi à leur place, Scott. Sans plus aucun droit de développer librement des robots autonomes, des Sentinelles, quelle autre option leur reste-t-il pour se "protéger de nous" d'après toi...? Le premier indice se trouve sur ce mur... » Un sourire en coin cynique s'afficha sur son visage. La génétique. Un "vaccin", ou une armée génétiquement modifiée et contrôlée, toutes les idées tordues étaient valables pour l'Homo Sapiens paniqué à l'idée de perdre son statut de domination. Les dernières paroles du mutant l'agacèrent bien qu'il n'en montra rien.

« Ils iront à la guerre avec ou sans toi Scott, parce qu'ils n'auront bientôt plus rien à perdre. Ils ne vont pas nous attendre. Sans leader pour les canaliser, ce sera une boucherie, il est peut-être temps que tu cesses de te cacher derrière ta peur d'échouer et ta peur de te sentir coupable en cas de pertes. Il y en aura toujours. Ils sont tous capables de choisir, et s'ils choisissent de se battre, c'est qu'ils sont prêt à en assumer les risques autant que les gains. Pour moi, la culpabilité tient plus de l'inaction face à ce qu'il se passe chaque jour, et ce qu'il se passera demain, que de l'action elle-même. » Il tourna son regard vers Marrow. Puis vers le mur une fois encore. Il finit par reculer, faire quelque pas dos aux deux mutants.

« Je suppose que nous serons tous fixés bien assez vite de toute façon... j'espère que le moment venu, vous serez chacun prêt, peu importe votre décision. Rien ne se déroule rarement comme on l'espère... » Il tourna un court instant la tête. Quelque chose lui disait que les conséquences de ce qui allait arriver pouvaient déborder en sens inverse, jusque dans les égouts, où ils se pensaient encore à l'abri, du côté des Morlocks. Sous ses pieds, il pouvait sentir les champs électromagnétiques, les canalisations, les tunnels entremêlés sous toute la ville, cachant ce peuple des ténèbres. Pour combien de temps encore. Ils seraient en effet vite fixés.

« Ce fut un plaisir. Dans tous les cas, nous nous reverrons tous bientôt, côte à côte... ou non. » Sans autre parole, Erik finit par s'élever dans les airs, son casque protégeant son parcours de toute tentative de localisation télépathique désormais. Il rejoignit ses bras-droits, et avec eux, disparut dans la ville.

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