Flashback d'un jour de pluie (feat Wanda)

Flashback d'un jour de pluie

L

a route. Le vent dans les cheveux. La vitesse. La liberté. C’était un rare plaisir que je pouvais encore avoir dans ma vie de fugitif. Depuis le grand retour, rien n’avait vraiment changé. J’étais toujours une âme damnée. Je roulais ainsi sans but. Sauver des gens. Trouver un endroit pour dormir, manger. Je pourrais m’arrêter et essayer de me construire une vie… Non ce n’était pas une bonne idée. J’avais déjà essayé et ça ne finissait jamais bien. Toujours la même chose : la mort.

Les Ghost Rider n’étaient pas faits pour rester au même endroit. On devait rouler sans fin, cherchant à satisfaire la soif de vengeance de l’esprit. Ou alors, on cherchait une solution, un remède face à cette malédiction. Mais rien ne fonctionnait bien longtemps. Plus d’une fois, j’en fus libéré. Mais à chaque fois, à chaque putain de fois, je devais reprendre ce fardeau. Car ce fardeau était le mien. Je ne pouvais juste pas le céder à autrui. Je ne pensais pas être un mec bien. Mais je n’étais pas non plus un monstre. Ainsi, je devais rouler, cherchant un but dans cette maudite vie.

Cette route, je l’empruntais seul. Enfin, si seulement j’étais seul. J’étais toujours accompagné par ce démon, cette voie de vengeance. On pourrait penser que, avec toutes ces années, la sensation était plus tolérable, mais la réalité était tout autre. J’étais juste usé, grignoté de l’intérieur.

Ce voyage m’avait amené au fin fond de l’Idaho. Un paysage vert. Et une pluie battante. Vraiment un sale temps. J’aurais pu accélérer la cadence en laissant place au Rider, mais je ne souhaitais pas attirer l’attention. En principe, j’allais arriver au prochain village avant la tombée de la nuit.

Mais, au cœur de ce sale temps, j’aperçus une silhouette au bord de la route. Elle risquait de prendre du temps avant d’arriver au prochain village. Mais bon, était-ce vraiment mon problème ? Je pourrais juste la laisser. Je ne la connaissais même pas. Remarque, ce n’était pas comme si elle pouvait me faire un quelconque mal. Mais ses péchés semblaient assez conséquents, mais je ne la sentais pas comme coupable. Et puis, elle n’allait pas vraiment me ralentit.

Sans même y réfléchir d’avantage, je m’arrêtais au bord de la route. Ce n’était probablement pas une bonne idée, mais ce n’était pas comme si elle risquait réellement quelque chose juste parce qu’on allait se côtoyer quelques minutes. Enfin, je l’espérais. Je commençais en avoir plus qu’assez de subir un mauvais karma, même quand je voulais faire le bien.

Les cheveux plaqués par la pluie, toujours assis sur ma moto, je lui adressai la parole :

« Vous en avez encore pour un moment pour arriver au prochain village. Vous voulez que je vous dépose ? »

J’essayais de prendre un air rassurant. Mais je devais admettre qu’un motard qui s’arrêtait sur une route au milieu de nulle part pour emmener une fille seule ne faisait guère une bonne première impression. Qu’importe. Si elle me mettait un vent ou qu’elle m’envoyait chier, ce n’était pas moi qui allais finir tremper.

Flashback d'un jour de pluie

«M

ouais, une heure sous la pluie, ça me semble long perso, mais je suis pas là pour juger. »

Pas sûr que cette phrase était extrêmement appropriée. J’étais littéralement là pour juger. Mes pouvoirs, mes fuites sans fin n’étaient là que parce que je devais juger l’humanité. Donc, ne pas juger autrui ne faisait pas vraiment parti de mes fonctions de base.

« Enfin, vous faites comme vous voulez. Je sais bien que j’inspire pas masse confiance. »

Si elle savait que j’étais le Ghost Rider, la confiance risquait de devenir le dernier mot qui pourrait me décrire. Quoique… Il devait bien exister quelques personnes qui devaient se rappeler de l’époque où je faisais partie des Champions… Bon, ça n’avait pas empêché la police d’essayer de m’arrêter des années plus tard… Ouais, finalement, fallait pas qu’elle sache mon identité secrète. Quelle poisse… 90 pourcents des autres seraient accueillis en grand triomphe.

« Bon, si vous êtes sûre de vous, j’insiste pas plus. J’ai pas envie d’attraper la grève. »

Oui, j’abandonnais déjà. J’avais essayé de faire mon bon samaritain. J’avais échoué. Et puis, j’entendais toujours les foutus murmures de Zarathos, ce maudit démon, qui me disait clairement que ce n’était pas notre problème. Ce n’était pas comme si je l’écoutais en temps normal, mais là il y avait aucune crise majeure et je n’avais clairement pas envie de rester plus longtemps sous la pluie. En plus, je l’avais dit ; si elle refusait, c’était son problème pas le mien…

J’aurais volontiers soupiré. Il fallait vraiment que j’arrête de me donner des justifications. Je ne voulais pas laisser une personne seule sous la pluie. Elle pouvait tout aussi bien croiser la route d’un mec moins enclin à se prendre un non. Un mec un peu plus violent. Mais je ne pouvais pas m’arrêter sur le moindre problème.

« Bon, hé bien, bonne chance. »

Pas de sarcasme. Juste une phrase banale où émergeait une pointe de compassion. Je détournais le regard, jetant un œil sur la route. Clignotant à gauche et j’étais prêt à repartir.