Never interrupt your enemy when he is making a mistake. [Doom]

Victor était frénétique. Il n’avait presque pas dormi depuis une semaine, à peine une ou deux heures par-ci ou par-là, mais il avait trop besoin de continuer ce qu’il était en train de faire pour réussir à fermer l’oeil, ou même simplement à songer d’aller au lit. Victor était dans l’une de ses épisodes hypomaniaques, à travailler encore et encore sans relâche, prévoir, planifier, créer… C’est ce qui l’avait amené à se rendre en Amérique, Victor avait besoin d’être sur ce territoire pour évaluer les profondeurs de son plan. Plan de conquête bien évidemment. Il était Doom, et le monde serait à lui, à lui et à personne d’autre, parce qu’il le méritait. Oh oui, il le méritait, il l’avait toujours mérité. Après tout, il dirigerait le monde tellement mieux que ceux qui le faisaient actuellement…

Doom n’avait étonné personne avec son discours de grandeur et de mérite, avec son envie de sacrifier sommeil et appétit pour parvenir à ses fins. Il en avait fait de nombreuses par le passé. Dérangé psychologiquement, disaient certains. Ils n’avaient peut-être pas tort, mais jamais Victor ne s’abaisserait à le reconnaître, encore moins à consulter un spécialiste. Il était Doom. Doom était sain, il était l’homme le plus sain que la terre ai jamais porté. Gare à celui qui oserait dire le contraire. Non, il se fichait de ce qu’il se murmurait autour de lui, l’idée qu’il serait un fou, un bipolaire non médicamenté et qui refusait de l’être. Ils n’étaient personnes pour lui dire qui il était de toute façon. Il était Doom. Et lui seul décidait.

Bien sûr, la profondeur de cet épisode n’était pas habituel. Si Doom se prenait de ces envies de créer de nouvelles choses, de faire augmenter l’influence Latvérienne ou de conquérir le monde, il était rarement au point où il en était actuellement, à vouloir faire les trois en même temps. Doom était influencé, sans même sans apercevoir. Les humeurs qu’il ressentait étaient guidées par la main de Mephisto, alors que la marque sur le bras de Victor l’emplissait d’une envie et d’un orgueil au delà même de ce qu’il pouvait manifester normalement.

La visite impromptue ne lui plut pas le moins du monde. Victor détestait être dérangé lorsqu’il était en train de créer. Il avait besoin de solitude, de concentration, et les idiots qui tentaient de l’approcher avaient tendance à interrompre son processus créatif. Voilà pourquoi il était venu dans son ambassade : moins d’emmerde et d’interruption qu’en Latvérie. Et pourtant, cela n’avait pas empêché l’asgardienne de venir sans invitation. Cela agaça Doom. Mais ne le surprit pas quand il vit qui était le garde qui s’en occupait. Un américain qu’il avait recruté parce qu’il évitait de ramener trop de Latvérie en dehors du pays. Une faible créature, que Doom se promit de virer dès tout cela réglé.

Victor ferma ce qu’il était en train de faire, à son plus grand agacement. Il aurait voulu continuer à travailler dessus, mais il ne pouvait pas… Enfin, son épisode hypomaniaque était grand, mais jamais aussi grand que la méfiance qu’il avait pour les gens. Mais l’envie de continuer lui faisait presque picoter le bout des doigts. “Tu ne passes jamais simplement dans le quartier.” Parce qu’elle détestait Midgard et qu’il le savait. Ils avaient travaillé ensemble dans le passé et elle avait passé son temps à se plaindre de la planète. Doom avait eu envie de lui tordre le cou pour la faire taire. C’était encore une option. “Si tu es ici c’est que tu veux quelque chose. Et Doom n’a pas la patience de t’écouter bavasser.”

Victor contourna son bureau pour venir se placer face à elle, la surplombant grâce à sa taille légèrement plus grande surélevée par l’armure. La colère doit se lire dans ses yeux, visibles par les interstices de son masque réparé. L’armure n’a presque plus de traces du combat contre Mephisto. La même chose ne peut pas être dite de Doom. “Est-ce Thor qui t’envoie ? Je n’ai pas de temps pour ses idioties, dis-lui bien ça.” Amora n'était pas du genre à obéir à un homme, mais qui sait ? Quand il s'agissait de Thor, elle perdait aux yeux de Doom tout sens commun.

Il voit le jugement dans le regard de l’asgardienne, alors qu’elle pose les yeux sur le dénommé Doug. Un américain, parce qu’ils sont trop stupides pour poser des questions. Mais peut-être un peu trop stupide, s’ils laissaient la première jolie femme qui passait entrer dans son propre bureau. Non pas que Doom ai quoi que ce soit à craindre de l’Enchanteresse, leurs aventures passées avait depuis longtemps prouvé le contraire, mais il se méfiait quand même de ses intentions, qui restaient selon le latvérien la seule chose de forte chez elle. Avoir une résolution pouvait être un danger en soit, surtout lorsque cela amenait à converser avec des gens que l’on aimait parfois peu, voire pas du tout.

Doom a à faire, mais bien sûr la sorcière parle pour ne rien dire, comme beaucoup de gens dans ce monde et dans d’autres encore. Aujourd’hui plus que jamais, cela agace Victor. Il n’a pas de temps à perdre en palabre, il lui faut avancer. Ils verraient bientôt, l’étendu de son intelligence, de son ambition. Ils seront sous sa coupe, lui qui méritait d’être roi du monde, lui qui allait faire un si bon travail à les diriger… Mais pour l’instant il était condamné à écouter parler cette femme, elle qui n’avait pas grand chose à lui apporter si ce n’était l’échec, et peut-être un minimum de confort visuel.

Et elle continue, encore et encore, à ne rien dire, et Doom perd patience, parce qu’il n’en a plus. Mephisto ne le laisse pas en avoir, au contraire. Tout l’agace vite, bien trop vite pour que cela soit naturel mais bien sûr il ne s’en rend pas compte, il n’a pas la tête à y réfléchir. Il voit juste son agacement qui grandit, alors il est sec quand il rétorque : “Ce n’est pas comme cela que l’on accueille les amis en Latvérie, mais tu n’es pas une amie, et nous ne sommes pas en Latvérie.” Et si Victor réfute la culture américaine, déteste cette société de consommation excessive qui se pavane dans l’impolitesse, la paresse et le capitalisme, aujourd’hui il en prend l’habitude de parler mal.

Heureusement, Amora vient au fait, et Doom ne peut réprimer un rire. En fait, il éclate carrément de rire face à ce qu’elle dit, face à sa demande. Oh, la bêtise ! Oh, la naïveté ! Une petite fille qui veut jouer la grande mais qui ne sait rien, encore moins faire correctement son travail. Cela fait bien un moment qu’il n’a pas rit comme cela et il lui en est bien reconnaissant. Cela fait même fondre sa colère, pour ne laisser que le mépris. “Oh, Amora… Tu n’as pas changé d’un poil, très chère.” Le ton familier n’est pas caractéristique du personnage, une preuve de plus qu’il est ironique, qu’il se moque finalement. Doom est si amusé qu’il ne s’offusque même pas qu’elle se soit assise devant lui, sans attendre son autorisation.

Le souverain alla chercher les accoudoirs du fauteuil sur lequel elle est assise, la regardant d’un oeil brillant. Il a les cartes en main, elle non. Il va la faire déchanter rapidement, peut-être que cela la fera partir plus vite. “Quel Asgard souhaite-tu, exactement ?” Victor met la main devant lui, entre leurs deux visages, pour faire apparaitre une projection de la nouvelle Asgard, de ce royaume qui s’est implanté sur leur planète. La terre des réfugiés, voilà comment beaucoup l’appelaient. “Celui dans l’espace est un peu moins hors de portée que celui-ci. Mais je me doute que tu ne le connais pas. Voici donc ton royaume d’Asgard. Arrivé sur Terre, bien petit mais pourtant présent et à sa tête…” Une image de Thor apparait dans la main de Doom, le Thor avec son oeil en moins, avec son nouvel air plus sérieux, avec son statut de roi. “Je crois que tu le connais bien. Ton précieux Thor n’est pas mort, je lui ai parlé il y a quelques semaines à peine.” Doom fit disparaitre les images, se recule pour lui laisser son espace vital. Il ne peut s’empêcher une dernière pique : “Avant de fomenter des plans, assure-toi d’avoir tous les éléments. Au royaume des aveugles, les borgnes sont roi. Et ici, le borgne est très littéralement roi.”

Il y a une satisfaction certaine à voir Amora ne pas comprendre, essayer de ne pas montrer l’incompréhension et la surprise, mais Doom la devine, il la sait, parce qu’elle ne serait pas venue parler ainsi si elle avait su. C’est lui qui le donne l’information, lui qui l’informe de la nouvelle qui va très probablement contrecarrer les plans de l’Enchanteresse. Et il s’en délecte, de causer cet échec à obtenir les bonnes informations, de mettre à jour son ignorance. Une victoire bien petite, mais toute victoire est bonne à prendre. Doom se délectait de chacune d’entre elle, comme il pouvait haïr chaque petit échec qu’il rencontrait. Non pas qu’il en rencontrait tant que cela, il restait Doom. Et elle réfute bien sûr, elle ne peut pas reconnaître qu’elle ai autant échoué, alors elle réfute l’envie qu’elle a de s’intéresser à cette Asgard. Doom croise les bras, la fixant de son regard brun. Elle ne pourra pas faire l’anguille à jamais.

Les remerciement qu’elle profère ensuite durcit à nouveau l’expression du souverain, qui la toise à présent. “Je ne l’ai pas fait pour toi, Amora. Ne prend pas cela comme une aide ma part. Je ne supporte simplement pas l’incompétence.” Et elle l’ai. Doom en est absolument convaincu, il en a d’ailleurs déjà été le témoin. Il ne sert à rien qu’elle tente de se voiler la face, elle le sait. Mais elle préfère continuer de parler, pour révéler plus ou moins son plan, ses ambitions. Un comportement que Doom trouva agaçant, hypocrisie totale puisque le latvérien a lui-même tendance à faire de même, à laisser son égo s’emporter.

Puis la voilà qui mentionne Loki, et malgré qu’il soit peu disposé à écouter la déesse, Victor tend l’oreille avec un intérêt légèrement réveillé. Il avait entendu parler de la disparition d’Asgard, à vrai dire il savait très bien que le lieu ne pouvait plus exister. Le royaume divin avait disparu, détruite par des forces mystiques et notamment… Mephisto. Oh. Voilà qui était intéressant. Voilà qui ajoutait un élément à ses réflexions. Mephisto, le démon même qui cherchait à récupérer les âmes de tous les terriens… Il avait détruit Asgard. Mais Asgard… existe toujours. Il y a deux Asgard. Leurs déboires temporels avaient-ils causé ce changement ? Il allait devoir en parler à Thor. N’en déplaise au souverain, ils étaient alliés, au moins dans leur combat contre Mephisto.

Victor retourna derrière le bureau, s’assit dans un grand fauteuil presque semblable à un trône. Il posa une main sur son menton, réfléchissant, ignorant presque la sorcière face à lui. Mais pas longtemps, parce qu’elle le provoque, évoquant un sujet qu’elle sait sensible, peut-être même tabou. Ca l’énerve immédiatement. La magie verte s’allume et il s’approche d’elle. “Don’t you dare…” Une menace, à peine voilée. Il n’apprécie pas les sous-entendus, l’idée qu’elle le traite d’incompétent. Il ne supporte pas cela. Il est prêt à lui faire payer cet affront. “Doom ne souhaite pas retirer ces cicatrices. Ce temps est révolu. Aujourd’hui, elles sont ce qui fait Doom.” Un mensonge, clairement, mais l'orgueil l’étreint trop à ce moment pour faire autre chose que nier en bloc.

Doom réussit cependant à se calmer. Il n’éteint pas sa magie, la garde prête, mais il est un peu plus calme quand il déclare : “Dis les choses telles qu’elles sont, Amora. Tu as besoin de moi, mais puisque tu ne sais pas le dire clairement tu tentes vainement de m’avoir par l’idée de me rendre mon visage.” Doom se retourne pour aller sortir une bouteille de vin de l’une de ses armoires de gros chêne, pour se servir lui et uniquement lui. Elle n’est pas la bienvenue, elle s’est invité toute seule, Doom n’allait sûrement pas lui faire la charité et lui servir à boire. “Si Thor n’était pas un obstacle dans tes plans, cela fait bien longtemps que tu aurais réussi à te débarrasser de lui. Et pourtant, tu n’as jamais réussi. Et Loki n’est pas mieux. Et il est loin d’être notre priorité pour le moment. Nous avons d’autres ennemis bien plus agaçant que lui.” Doom pose le verre sur son bureau, sans y toucher pour le moment. “Qu’attends-tu de moi ? Que j’attaque Loki à tes côtés ? Quel serait mon intérêt là-dedans, qu’une éternelle perdante ai une dette envers moi ? Tu as seule, voilà pourquoi tu viens me voir. Je ne vois même pas ton petit chien chien habituel, tu l’as fait piquer ou t’a-t-il abandonné lui aussi ?”

L’idée que Thor n’est pas un obstacle aux plans de l’Enchanteresse ne traverse pas l’esprit de Doom, pour la simple et bonne raison qu’à chaque fois que l’Enchanteresse a eu un plan, le dieu du Tonnerre est venu y mettre un terme. Il est son ennemi, bien qu’il sache parfaitement qu’elle a eut par le passé une attirance pour le dieu, et peut-être que cette attirance est toujours à l’ordre du jour mais cela n’est pas important à ses yeux. Il n’arrive justement pas à imaginer qu’Amora puisse avoir enfin eu l’intelligence de changer sa façon de procéder, lui qui ne l’a jamais vu qu’utiliser encore et toujours les mêmes techniques, les mêmes stratégies. L’idée qu’elle ai appris de ses erreurs passées est presque agréable à imaginer, plus difficile de se dire cependant que cela est réalité.

Mais pourtant il semblerait que ce soit le cas. L’Enchanteresse ne souhaite visiblement pas combattre le dieu, mais s’allier à lui. Sûrement pas pour faire de lui le roi légitime d’Asgard. Amora a toujours désiré le trône pour elle, et c’est un sentiment que Doom peut comprendre. Après tout, lui aussi avait pris le trône de Latvérie par la force et non par légitimité familiale, bien qu’il se considérait légitime par ses capacités. “S’il désire récupérer son royaume ? Il ne sait même pas que son royaume est encore debout, Amora. Il va falloir commencer par l’en informer.” Ce que Doom comptait bien faire. Un ennemi de moins en Europe ne pouvait pas faire de mal, il ne doutait pas que les asgardiens repartiraient sur leur royaume une fois celui-ci retrouvé. “Asgard n’est plus censé existé, voilà la vérité que Thor connait actuellement.” Et celle que Doom croyait lui aussi connaître, avant qu’Amora ne vienne l’informer du contraire. Un changement qu’il ne comprenait pas vraiment, et pourtant logique en soit. La passé avait été modifié après tout.

Est-ce que s’allier à Thor allait finalement vouloir dire s’allier à Amora ? Possiblement, bien que Doom n’avait pas forcément l’intention de se mêler des affaires de l’asgardien une fois Mephisto vaincu. Il n’était qu’un allié temporaire, pas sur le long terme et encore moins un ami. A moins peut-être qu’il ne trouve là le moyen que le roi ase ne lui doive encore quelque chose ? Voilà qui méritait réflexion, mais Loki avait plus été un allié de longue date que lui. Doom avait une préférence pour l’esprit malin du Jotun. Ils se ressemblaient plus. Se comprenaient plus.

L’attention du souverain s’éveilla un peu plus quand elle lui parla de ce qu’il avait à gagner. Elle sait toucher certains points, et si d’ordinaire Doom serait capable de résister à une si évidente manipulation, les choses ne sont pas les mêmes en ce jour, alors que la marque de Mephisto faisait son oeuvre. Non, Doom plonge dans celui-là tel un amateur, tel un vulgaire vilain de dessin-animé que ne sait absolument pas voir quand on tente d’utiliser ses défauts à son désavantage. “Loki ne peut rien contre Doom, il est vrai. Et il est agaçant. Mais Doom n’aurait pas besoin même de ton aide ou tes occasions pour s’attaquer à lui. Loki est dérangeant d’ordinaire, mais il ne s’est plus fait voir dernièrement. Bien sûr, cela voudrait dire retirer une épine du pied avant même qu’elle ne s’y plante…” Doom est tenté, clairement tenté. L’idée lui reste en tête, mais il la met de côté pour le moment.

La question qui suit a tendance à lui faire penser qu’Amora vient juste d’arriver sur Midgard. Il est inconcevable qu’elle soit restée plus de quelques jours sans entendre parler de ce qu’il se passait. Tout le monde est au courant, les télévisions et journaux en parlent et la nouvelle et l’appréhension sont sur toutes les bouches. Elle n’a pas pu le rater aussi longtemps, d’autant plus que plusieurs attaques ont eu lieu un peu partout. Aucune en Latvérie pour le moment, dieu merci. “Mephisto, bien sûr. Tu n’as pas entendu ?” La question est presque ironique, il se moque clairement de son manque de savoir. Clairement, elle ne s’est pas renseignée sur ce qu’il se passait sur Terre. Tout ce qu’elle cherchait, c’était lui, son aide dans sa quête. Doom est flatté. Il aime être reconnu à sa juste valeur, et c’est là clairement ce qu’elle fait. Il est par contre agacé qu’elle n’ai pas pris la peine de se renseigner, il n’est pas un journal. “Les terriens sont morts. Puis sont revenus. Mephisto réclame son dû, et il fera tout pour l’obtenir. Il attaque sans relâche. Tue autant que possible, et cela inclut des asgardiens. Thor protège le peuple qu’il a, avant d’aller chercher celui qu’il a perdu.” Du moins le suppose-t-il. Mais c’est ce qu’un roi devrait faire. Il ose espérer que Thor possède au moins ce minimum de jugeote. Mais il n’en doute pas vraiment. Il est un petit roi, bien peu doué contrairement à Doom, mais il n’est pas aussi incompétent que cela. Il protégera le peuple qu’il sait avoir avant de chercher celui qu’il a peut-être. “Asgard a d’ailleurs été l’une des premières nations attaquées. Le message est assez clair. Thor a réussi à empêcher qu’il n’embarque tout le royaume, mais Mephisto ne s’arrêtera pas là.” Doom tapota sur la table, agacée rien qu’à la mention de son éternel ennemi. Il ne révèle pas son alliance avec le dieu du tonnerre, cela ne regarde pas l’Enchanteresse. Et il pourrait l’utiliser à son avantage si elle cherchait à le rouler. Et elle cherchait à le rouler, il en était convaincu. “Dis-moi donc, Amora. Doom est curieux. Asgard, ton Asgard, a-t-elle subit une attaque de la part de Mephisto elle aussi ?” Un moyen de connaître les différences avec l’ancienne timeline, sans réellement dévoiler ses intentions. Après tout, il avait dit que Thor pensait Asgard détruite, pas que c'était le cas de tout le monde sur Terre.

Elle est fière, fière de savoir des choses que Thor ignore, et cela amuse le souverain. Amora est visiblement si peu souvent au courant de quoi que ce soit, que savoir enfin quelque chose à l’air de lui procurer une joie sans fin. Doom ne connait pas cette sensation, lui qui sait tant de choses, il ne possède pas cette satisfaction d’enfin mettre le doigt sur quelque chose qui lui manquait. Et c’est mieux ainsi. Une joie temporaire ne vaut clairement pas un avantage stratégique. Et là, il le donnait, cet avantage. Pas parce qu’il avait réellement envie d’aider l’Enchanteresse, plus parce qu’il voulait l’humilier, lui faire comprendre qu’il savait et pas elle… Mais en faisant ça, ils savaient désormais tout deux. Victor fronça les sourcils à cette réalisation, il était bavard, trop bavard… Plus bavard même que d’habitude, c’était presque étrange…

Mais la pensée disparait rapidement, alors même qu’il reporte son attention sur les dires de l’Enchanteresse. Elle comprend, et Victor aussi quelque part, au fond de lui. Ca n’empêche pas la rage de brûler, le consumer même. Il hait Mephisto du plus profond de son âme, ce n’est pas un secret une nouveauté, ça n’est même pas un secret. Mais dernièrement, cette rage bouillonne encore plus sous sa peau, l’obsède même. Rien qu’à y penser à ce moment, rien qu’à ce qu’Amora ose comprendre le diable, il serre le poing et la machoire, et il ne peut s’empêcher de répliquer : “Rien ne lui ai dû. Les âmes sont mortes, mais elles sont revenues, et c’est ainsi. Il a joué, gagné un temps mais perdu sur le long termes. C’est tout. Et il va rapidement comprendre ce qu’il en coûte de penser que Doom lui appartient.” Une information qu’il ne voulait pas forcément donné, mais sous la colère il ne se contrôle plus vraiment. Un aveu de faiblesse quelque part, lui qui se porte toujours aux nues, se présente comme un sur-homme, mais il ne l’est pas. Pas totalement. Il est assez humain, assez faible, pour être mort et avoir appartenu au diable. Et aujourd’hui, il était marqué, tel une vache appartenant à un fermier précis, une propriété que nul ne saurait voler impunément. Non… “Et il payera pour cela. Si les lois de l’univers disent que l’on doit lui revenir forcément, eh bien qu’importe. Doom réécrira ces lois.” Il lui fallait juste plus de puissance. Plus, toujours plus… Peut-être était-il un peu avide aussi, au fond…

Mais ces nouvelles idées, cette nouvelle motivation, fait face à un obstacle. Il ne peut pas travailler correctement avec une intrus dans son sanctuaire, et Amora est clairement une intrus. Pas une alliée, non. Plus besoin d’elle, elle a prouvé son incompétence par le passé et Doom ne s’entoure pas d’incompétents. Pas quand il sait qu’ils le sont en tout cas. Il peut toujours faire face à des surprises après tout. Mais Amora éveille aussi sa curiosité. De nouveaux héros étaient apparus après leur retour, c’était un fait à présent connu, mais visiblement… Visiblement beaucoup plus de changements avaient été faits. “Pourquoi attaquerait-il ? Oh, Amora.... Il l’a déjà fait.” Le souverain se rassit sur son siège, les coudes sur le bureau, masque posé sur ses poings alors qu’il réfléchissait. “Mephisto s’est allié à Hela. Ou l’inverse, qu’importe. Les faits sont qu’Asgard avait été attaqué, vraisemblablement détruite. Plus que vraisemblablement à vrai dire, et Asgard sur Terre était formé des rescapés.” Doom fit apparaître un écran holographique, regarder la presse, les archives en fait, pour ne pas trouver grand chose, ne pas avoir ce qu’il voulait. Rien. Aucune trace. Une dinguerie. “Oh, Reed… N’as-tu donc pas réfléchi avant de nous ramener…?” marmonne-t-il plus pour lui. Son nemesis les avait ramenés, c’était un fait, mais il avait visiblement oublié des étapes en cours de route. Typique du personnage, ne pas penser aux conséquences. C’était vrai à l’université, ça l’était encore. “Lorsque nous sommes revenus, certains éléments ont changé. Il semblerait que cette ligne temporelle soit… Pas brisée, non… Recollée. Une ligne temporelle bâtarde, une fusion ratée de deux autres. Le nouvel Asgard existe encore, mais l’ancien n’est jamais tombé. Sans jamais qu’il y ai de raison, ou y en a-t-il une que l’on ignore ? Un travail d’amateur, il ne fait aucun doute. Et toi qui n’a jamais vécu ces événements, tu n’as même pas conscience de ce qu’il s’est passé, et qui sait de quelle timeline tu viens…?” Les questions sont plus pour Doom que pour Amora elle-même. Il est enfoncé dans ses théories à présent, même pas sûr d’avoir raison et… Non en fait. Certain d’avoir raison, alors que ce n’est qu’une possibilité. Mais il est Doom. Il a raison.

La question suivante, il la balaye d’un geste. “Mephisto est notre problème, pas le tien.” Elle est une intruse pas seulement dans ce bureau après tout. Dans ce temps, dans ce lieu. Rien ne va. “La vraie question est : qu’est-ce que toi tu vas faire ? Tu as parlé d’un plan pour conquérir Asgard, mais comme tu le vois ce n’est pas si facile que ça, les choses ont changé sans même que tu en ai conscience…” Doom se penche vers elle et souffle, froid soudain. “Es-tu sûr d’avoir réellement une place dans cet univers rafistolé ? Tu ne sais même pas tout ce qu’il s’est passé, n’es-tu pas simplement un élément du décor ?” Il se remet dans le fond de son siège. La fixe en silence d’abord, avant que la curiosité ne le pousse à demander : “Pourquoi avoir besoin de moi d’ailleurs ? Tu as dis pourquoi je devrais le faire, mais rien sur pourquoi tu voudrais que je le fasse.”