Les couloirs inconnus sont longs, étroits et blindés de gens qu’il ne connaît pas. Elliott est stressé, son battement de cœur bat à tout rompre, résonnant dans ses oreilles. Lui qui a mis tant d’années pour apprendre à maîtriser tout sentiments pouvant lui faire perdre le contrôle, il se focalise pour garder son émotion dans un périmètre de sécurité. La colère est toujours présente, sous la surface, prête à être utilisé comme une énergie positive. L’agent inspire profondément avant de soupirer. Tout va bien, c’est juste une convocation. Une convocation par un haut gradé. Un haut gradé qui a son bureau sur l’héliporteur. Un très haut gradé, dans le ciel, littéralement. L’agent esquisse un sourire à cette blague de merde, apaisant un peu son cœur. Il relativise, après tout, toutes les nouvelles recrues ont dû ressentir son sentiment de panique à leurs premières foulées sur ce sol dans les airs. Le blond en sait peu sur cet endroit, n’étant pas assez gradé et puis les secrets sont bien gardés tant qu’ils s’assurent que tout le monde reste dans le droit chemin. Par contre il en sait assez pour savoir que les missions les plus cool sont commandées d’ici. Les plus cools étant un synonyme d’apocalyptique. Qu’est-ce qu’il aurait donné pour pouvoir exploser des gueules d’aliens pendant l’invasion.
Une main vient toucher son épaule et Elliott fait appel à tout son self-control pour éviter de sursauter. L’homme chargé de le guider à son lieu de rencontre lui demande d’avancer, faisant réaliser au plus jeune des deux qu’il s’était arrêté devant une baie vitrée géante, absorbé par la vue magnifique sur New York. Une ville peuplée d’une population sous leur protection, comme dans les autres villes, d’autres pays. La responsabilité est grande, mais c’est ce pourquoi il s’est préparé toute sa vie. Partant d’un rêve d’enfant, le voilà sur la base la plus classe du Shield en tant qu’agent. Quittant sa contemplation, Elliott emboîte le pas à l’autre agent, se laissant guider dans un labyrinthe de couloirs et de quelques portes sécurisées. Il mémorise le chemin malgré tout, cette connaissance pourra toujours lui servir à un moment donné, même ce n’est pas maintenant.
Finalement, son supérieur ouvre une porte donnant sur une petite salle de conférence composée d’une table et d’une demi-douzaine de chaises. Deux personnes attendent à l’intérieur. D’une analyse très rapide, il sait par la carrure et l’aura de l’un que c’est un de ces gars d’action qu’il vaut mieux éviter de faire chier. Par contre la droiture de l’autre lui indique que c’est un gars de bureau, comme son propre guide, des gars qui n’ont probablement jamais vu le terrain de leurs propres yeux. Costard A se lève en repérant Costard B, bien content de s’éloigner de monsieur Smith. Une bouteille d’eau est déposée dans les mains d’Elliott avant que les deux hommes désertent la zone un peu trop rapidement au goût du plus jeune agent.
C’est qui l’autre, un dévoreur d’âme ? Mis à part pour eux deux, la salle est désormais vide, mais le blond ne doute pas que celle-ci ne soit pas remplie sous peu. Dans l’attente, Elliott évite le regard de l’Action Man et prend place sur une chaise sur le côté, la plus loin de l’autre. Question de sécurité et de respect, il ne préfère pas le déranger.
Il dévisse le capuchon de sa bouteille et regarde autour de lui. La salle est propre, pas un grain de poussière, pas de décoration non plus. Lui rappelant un peu une salle d’interrogatoire, la seule différence étant la fenêtre dans le plafond, laissant le beau ciel bleu pénétrer dans la pièce. Ces quelques instants paisibles lui laissent le temps de méditer un peu sur sa situation. Comme comment il a bien pu arriver ici, dans cet endroit étranger où, en pratique, il n’a pas sa place. C’est par sa responsable que la convocation lui a été transmise, alors qu’il venait pour réaliser sa séance de tir habituelle. Elle lui avait donné l’enveloppe à présent pliée en deux dans sa poche arrière et lui avait tiré l’oreille en lui ordonnant de se tenir correctement pour une fois. Le blond avait riposté, faut qu’elle arrête de le traiter comme un adolescent hargneux. Certes, parfois sa langue lui échappe, mais vraiment, ça arrive très peu, seulement quand un gros culotté fait preuve d’une stupidité plus grande qu’un enfant à la garderie. Quand Elliott a un point, il le défend jusqu’à que ce soit prouvé. Une belle mentalité dans le partage et l’amitié.
J’ai raison, t’as tort, c’est tout. Peut-être qu’il est un peu excessif parfois. Peut-être.
La porte s’ouvre après un très court délai, laissant à peine le temps au plus jeune de boire une gorgée. Il se lève à l’approche de deux hommes, tous deux probablement bien plus gradés que lui-même si leurs têtes ne lui reviennent pas. Il fait genre de savoir ce qui se passe, alors qu’il n’en a pas la moindre idée. La lettre le convoque sans vraiment partager la raison. Quand tout le monde est installé, il reprend place, à l’aise, mais pas trop. Elliott jette un rapide regard à l’autre homme, mais celui-ci ne le regarde pas. Bien, il doit savoir, lui. Le regard d’Elliott vient sur les costards et attend, il peut être sérieux et civilisé, elle va voir l’autre. Une tablette éteinte et un dossier sont posés sur la table. Puis le gars aux cheveux blancs se met à causer.
« Tout le monde est là, c'est parfait. Agent Gallagher, je vous présente James Barnes. Barnes, Gallagher est un jeune diplômé du département des enquêtes. Bref, la situation est compliquée. » Il attrape la tablette et la déverrouille, manipulant un peu l’écran avant de leur présenter une vidéo. Elliott se penche en avant, s’approchant du bord de son siège pour mieux y voir. La vidéo est très courte, un convoi de camions est filmé des airs, probablement par un drone. Les quatre camions roulent sur une voie rapide quand soudain, l’image perd extrêmement en qualité, quand une vue correcte leur revient, un camion a disparu. La vidéo s’arrête avec les autres camions qui freinent brusquement. Le vieux leur repasse la vidéo une seconde fois, mais le mystère reste le même.
« Il se trouve que ce convoi transportait un unique objet très spécial. Sur les quatre camions, un seul avait une marchandise, je n’ai pas besoin de clarifier lequel. » Le dossier est ouvert par l’autre homme et des papiers sont étalés devant eux.
« Voici l’objet en question. » Dit-il en pointant une photographie d’un objet étrange, alien ? Des fiches d’identités sont ajoutées devant eux.
« Et voici l’équipe qui travaillait sur ce projet et qui a également disparu avec le camion. Nous avions mis en place une haute sécurité pour la protection du rapatriement. Nous ignorons la cause de cette disparition et vu le manque de nos effectifs actuel, c’est ici que vous entrez en scène. Je veux savoir comment, je veux savoir où ce camion est passé et retrouver cet objet, il se peut qu’il soit radioactif, peut-être même explosif. Vivants, morts, objet détruit, je veux tout savoir. Des questions ? » La seule réponse qu’Elliott arrive à fournir, c’est d’ouvrir la bouche pour qu’aucun son n’en sorte.
« Est-ce qu'on aura une équipe de soutien technique ? Admettons que nous retrouvons cet objet, pas de contact, on l'emballe comment ? D'ailleurs, on peut garder le dossier ? »
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