Can you tell me why ? Ϟ Ft. Jessica Drew

Can you tell me why?

Jess

Le soleil prend sa place haut dans le ciel bleu tandis que les habitants de la ville s’activent tels des chaînons d’une grande chaîne dans la fourmilière. Chaque humain vaque à ses occupations dans une bulle d’habitudes d’une routine trop bien huilée. Sur un trottoir, au milieu d’une foule de personnalités diversifiées par leurs accoutrements variant du costume trois pièces au hippie drealocks se trouve un jeune agent du Shield camouflé dans sa tenue de jogging du parfait adulte lambda. N’espérant pas pouvoir courir au milieu de cette foule, le blond marche les mains dans les poches de son survêtement, le haut du vêtement à moitié caché par un tee-shirt large un peu trop long. Le piéton passe au vert et Elliott suit la foule tandis que celle-ci avance en bloc pour rejoindre l’autre trottoir, l’eau de la gourde accrochée en travers de sa hanche rebondissant au rythme de ses pas. L’aspect goudron étant assez repoussant visuellement, le jeune homme préfère regarder vers le ciel, appréciant la liberté des nuages et l’absence de la patte humaine. Une paire d’écouteurs dans les oreilles pour s’isoler de la cacophonie de la ville, diffusant un son apaisant pour ses nerfs toujours en feu. C’est ironique d’être autant rebuté par la civilisation quand on s’engage dans une voie destinée à protéger cette même population. Ces gens n’ont pas la moindre idée de ce qui leur passe au-dessus de la tête, même Elliott ne sait pas tous les secrets de l’état en tant que nouvelle recrue, mais il s’en doute, il se méfie.

Le samedi matin n’est pas forcément un jour facilement disponible avec un travail comme le sien, c’est pourquoi un matin sans travail reste un jour sacré peu importe à quel point il aime son gagne-pain. L’enquêteur profite à fond de ses petits moments de répit dans l’engrenage actif qu’est sa vie à présent. C’est dès l’enfance qu’il a choisi cette voie, poussé par l’admiration d’un homme qui est toujours un modèle pour lui à ce jour. L’enfant de sept ans qu’il était avait une vision bien colorée du métier, pensant devenir une sorte de héros, il s’en retrouve agent secret. Un agent parmi tant d’autres veillant dans l’ombre, une unité protégeant l’humanité de menaces aussi dangereuses qu’invraisemblables. Un métier qui force un repos bien mérité lors des jours off et c’est absolument ce qu’a fait Elliott en ce samedi matin jusqu’à se réveiller naturellement en milieu de matinée telle une princesse disney. Nid d’oiseau sur le crâne, bouche béante dans un bâillement, mais avec une énergie renouvelée à fond après les deux cafés du matin. Pas le temps de procrastiner, il a enfilé une tenue décontractée et s’en est allé affronter la ville. D’où son itinéraire vers un terrain propice à la course à pied pour se maintenir en forme à l’air libre. Un peu lassé des salles de sport fermées où il se rend tous les deux jours quand une mission ne l’emmène pas à des lieux de là.

En marchant, l’agent cogne dans une canette avec son pied. Fronçant les sourcils, il la ramasse et la jette dans une poubelle à proximité. Certes, ce n’est pas la seule qui croise son chemin, mais ce n’est pas comme s’il allait s’occuper des milliers de canettes traînant dans Manhattan. Le sol de la ville se contentera d’être soulagé d’un seul bloc de ferraille. Elliott se renfrogne en voyant d’autres détritus traîner au sol, cette ville est tellement crade. Dépité, il esquive un tas et bifurque à l’angle en quittant la foule par la même occasion, se retrouvant à l’entrée du Central Park. Il soupire de soulagement devant la verdure à l’horizon et profite pour faire quelques étirements soigneux de ses muscles tendus à cause d’un travail éreintant pour les nerfs. Il n’est pas stressé, il s’y refuse, il considère le stress comme une excuse pour les faibles incapables de gérer leurs émotions. Elliott ne ressent aucun stress, merci beaucoup. Juste une quantité d’adrénaline un peu au-dessus de la moyenne...

Sa main vient ajuster le bandeau de sport sur son front, éloignant des mèches de cheveux indésirables dans ses yeux. Le jeune homme sautille un peu avant de s’élancer dans un jogging tranquille sur le chemin de gravier. Le décor est vraiment quelque chose qu’il apprécie, n’étant pas forcément un natif de la campagne, la verdure a toujours eu une place importante dans l’hygiène de vie d’Elliott. Quelque chose qui vient de sa jeunesse à partir de ses parents, ceux-ci ne loupant jamais une occasion de faire des sorties de famille en dehors des cités grises. Le gravier craque sous ses baskets, ses foulées sont puissantes, mais légères sur ses appuis, prenant soin d’éviter de se tordre stupidement une cheville. Il court un bon moment, s’enfonçant dans les entrailles de Central Park. Elliott croise beaucoup de monde à différentes étapes. Des familles venues s’offrir un repas en plein air, des célibataires ou des couples offrant une ballade de qualité à leur ami canin ou encore d’âmes solitaires venues chercher la paix pour se ressourcer ou lire un livre. Sa course est brièvement stoppée par un chien un peu trop enthousiaste ayant échappé à la garde de son maître. La laisse passant par chance juste sous son pied, il ne se fait pas prier pour stopper la course de l’animal. Un homme tout essoufflé le rejoint quelques secondes plus tard tandis qu’Elliott offre sa dose de papouilles à l’animal bien trop excité.

Des remerciements plus tard, le jeune homme se retrouve debout dans l’allée. Assez essoufflé, il hésite à reprendre sa course. Finalement, en regardant les nuages, il opte pour un autre plan. Passant entre deux buissons, une belle parcelle de verdure s’offre à lui. Quelques personnes sont présentes à des dizaines de mètres, assez loin pour lui laisser un peu d’intimité. Attrapant son téléphone dans la poche à son bras, il change la playlist vers quelque chose de bien plus dynamique. 'Hey Brother' fait son entrée et ses muscles frétillent d’excitation. Cela fait bien trop longtemps qu’il n’a pas pris le temps de danser. Les écouteurs sont prêts, le téléphone reprend sa place et il laisse son corps bouger tout seul au rythme de la musique. Le jeune homme se laisse aller, enchaînant mouvement sur mouvement, faisant même un saut dans les airs en tournant sur lui-même, atterrissant délicatement dans l’herbe en enchaînant sur un mouvement au sol. Le refrain débute et son corps est prêt à enchaîner, mais il est coupé dans son élan, une silhouette familière se dessine à une dizaine de mètres et Elliott se retrouve dans une rare situation d’hésitation. Clairement essoufflé, ses mains viennent prendre appui sur ses hanches tandis qu’il fronce un peu ses sourcils, dubitatif. Doit-il s’approcher ? Veut-il s’approcher ? Certes, il lui en veut quand même un peu et un sentiment de trahison lui titille les nerfs en repensant à la dernière fois qu’ils se sont croisés. Pourtant, des mois de relation proche l’empêchent de rayer brusquement la femme de sa vie. « Alors, on prend l’air ? » Poussant sur ses cordes vocales pour se faire entendre, sa voix craque, sèche. Attrapant le bas de son tee-shirt, il s’essuie le front en descendant sur le reste de son visage. Son autre main venant attraper sa gourde pour étancher une lourde soif. La porte est ouverte, n'empêche que son visage reste fermé, un petit froncement de son nez exprimant son indécision actuelle. Ce qu'il n'ose pas exprimer par les mots : - Je t'aime bien, mais tu me l'as grave fait à l'envers et j'ai pas du tout apprécié.

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Le souffle court, les mains sur les hanches, un froncement de sourcils et un rictus au coin des lèvres, Elliott est sans mot. Comme quoi, tous les jours commencent de la même manière, mais chaque matin amène son lot de surprise au cours de la journée. Un bruit parasite parvient à ses oreilles, qu’est-ce que c’est... Oh, ses écouteurs qui pendouillent au col de son tee-shirt. Il n’a pas coupé sa musique et le son d’Avicii continu de battre son plein à partir d’une playlist toujours en route. Distraitement, il arrache la prise jack et retire les deux fils de sous son vêtement. D’un geste automatique, il enroule le câble autour de deux de ses doigts, ses yeux quittant la procédure pour revenir à la femme devant lui. Jessica. La dernière fois que le jeune agent l’a vu, la rencontre ne s’était pas très bien terminée pour lui, sa confiance trahie tandis qu’il lui tournait le dos dans un signe de confiance totale. Quelle erreur, on ne l’y a plus jamais repris. Ami, ennemi, il ne tourne plus le dos à personne maintenant. Qui est digne de confiance quand un mentor décide de tacler sa propre recrue ?

Son regard quitte celui de la brune lors d'un instant pour regarder la position étrange de ses bras. Il n'a pas souvenir qu'elle fait partie de ces gens étranges qui mettent leurs mains dans leurs poches arrières. Ou alors, elle cache quelque chose. Ce ne serait pas le premier comportement étrange qu'elle affiche autour de lui. Se contentant de hausser les sourcils dans un regard peu impressionné, le blond décide de ne pas engager le sujet. L'agent est bien plus intrigué sur la requête qui l'a amenée jusqu'à lui. Qu'est-ce qu'elle veut de lui maintenant. Dans quel but a-t-elle décidée de reprendre contact. La couleur de leur relation a changé pour le pire et il est inconcevable pour le blond qu'elle revienne vers lui pour parler du bon vieux temps. Ils ne sont plus proches, il n'y a plus de proximité. Rien qu'une trahison teintée d'incompréhension. Une incompréhension qui ne cesse de croître quand il l'entend parler. « C'es joyeux tout ça, comme si on ne s'était pas quitté sur ma tempe éclatée sur une planche et moi-même enfermé dans un placard. » Le ton plein d'ironie, son index vient pointer une fine ligne blanche au-dessus de son arcade droite. Qui sait combien de temps il faudra pour faire disparaître l'imperfection de son visage, mais pour l'instant celle-ci se distingue encore très bien. « Un moment ? Tu t'es cognée, t'as eu un accident ? Tu parles comme si on ne s'était pas vu depuis genre, toujours. » Son attitude perd de son agressivité naturelle pour laisser place à une légère confusion. Baissant un peu sa garde, il se rapproche d'elle, cherchant à capter son regard et toute intention trompeuse qu'elle pourrait tenter de cacher. Pourtant, l'agent ne décèle rien, mais ce n'est pas parce qu'il ne voit rien que rien ne se cache sous la surface. Qu'est-ce qu'elle a ? « Tu me fais marcher, t'as un truc à me demander, encore, avoue. Je te préviens, tu ne m'auras pas deux fois, la dernière fois j'ai eu du bol parce que j'étais une recrue. »

Il a bien grandi depuis San Francisco. Elle est bien plus petite que lui à présent, la tête du blond est donc obligée de se pencher pour observer son visage correctement. Il la teste, il la jauge, cet adolescent d’antan voulant croire que sa relation avec la femme n’était pas totalement détruite. Elle lui avait appris tellement, des réflexes, une façon de penser, un instinct de déduction. Elliott pensait avoir un lien spécial avec elle. Tout cela avait été faux ? Avait-elle attendu qu’il atteigne le Shield pour profiter de sa situation ? Cela semble tellement diabolique... « Tu savais pas que j'étais à New York... ? Et mon passage en deuxième année ? La soirée arrosée ? L'infiltration improvisée dans un resto chinois en pensant trouver des Yakuza, non, rien ...? » Il prend un peu de recul, le froncement naturel de ses sourcils reprend sa place. Il se renfrogne, c’est gros, une perte de mémoire pareille.

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