Welcome to nowhere ! Ϟ Ais' & Pete

Welcome to nowhere !

Ais' & Billy & Pete

Il y a une vieille horloge quelque part, accrochée sur un mur entre deux étagères. Son aiguille tique au rythme des secondes du temps qui passe. Un bruit de fond, léger, apportant une affirmation sur le temps qui coule. Peu importe si la moitié de la population avait disparu quelques semaines plus tôt. Peu importe si l’adolescent s’était retrouvé orphelin de toute sa famille dans la même journée. Il y a quelque chose d’à la fois rassurant et déprimant en voyant que rien ne peut empêcher le temps de tracer sa route. Le temps est une chose que Billy a appris à considérer de façon différente depuis qu’un couple de sorciers a décidé de le recueillir. L’orphelin songe parfois à ce qu’il serait advenu de lui sans l’intervention de Clea. Cela varie entre vivre comme un enfant des rues ou passer les dernières années de sa vie à se faire transférer de foyer en foyer. Une pensée effrayante qui le fait se sentir éternellement reconnaissant envers les Strange. Surtout que leurs soins ne s’arrêtaient pas à l’ouverture de leur demeure. Grande demeure, hantée, dangereuse et infestée de gnomes et de portes de placard effrayantes. En plus de s’occuper de lui presque comme des parents d'accueil, Billy ne leur montrerait jamais assez de reconnaissance pour ça, ils s’étaient également chargés de s’occuper de son petit problème de magie. Ce qui était au départ une manifestation d’électrokinésie s’était développé en quelque chose de beaucoup plus puissant.

C’est d’ailleurs pourquoi le lycéen se trouve dans sa situation actuelle. Assis en tailleur sur une chaise avec un stylo calé sur une oreille, de l’encre bleue qui lui barre une joue ainsi que la peau de sa main et du charbon qui lui tâche mystérieusement le nez. Il se trouve proche d’une table ronde, penché sur certains bouquins en tout genre. Certains sont en anglais, d’autres dans des langues qu’il n’espère pas pouvoir comprendre un jour. Autour des livres, il y a des cahiers, des feuilles, une trousse à moitié éparpillée et un sac à dos renversé. Dernièrement, ses deux mentors sont assez occupés avec des affaires bien trop compliquées pour lui, il ne les a pas vu depuis quelques jours, mais ils n’ont pas manqué de lui fournir une liste de tâches à faire en leur absence. Quelle plaie. Surtout que Billy a également ses cours d’école à rattraper, n’étant pas retourné dans son bahut depuis le fameux jour. Comme probablement beaucoup d’adolescents. Tout ce travail à faire et le garçon n’a pas trouvé une meilleure idée que de garder toutes ses tâches pour le dernier moment. Car dans une heure, Wong est censé vérifier que l’adolescent avait été un bon lycéen et un bon apprenti. Malgré une organisation abominable et ayant très peu d’envie en lui, il ne voulait pas décevoir Wong et par extension, il ne voulait surtout pas décevoir Clea et Stephen. Le voilà donc en train de régler un problème de math superposé à un texte ancien à traduire tout en rédigeant une dissertation d’anglais combinée à l’assimilation d’une carte basique des dimensions posée juste à côté d’une carte de l’Amérique. Sans oublier sa fabuleuse idée de lire un livre des sorts en même temps. L’apprenti vit dans l’excès. Soit il n’en glande pas une, soit il fait tout en même temps. Paix aux âmes des Strange si jamais sa façon de travailler arrive jusqu’à eux.  

Les pages du livre des sortilèges tournent lentement, laissant le temps aux yeux de l’adolescent de regarder les dessins étranges à l’intérieur. Il ne pige rien. Tout est bizarre. Comment Clea et Stephen peuvent bien comprendre ce charabia ? Il continu de parcourir les pages jusqu’à arriver à un croquis circulaire qui lui fait penser à ces pentagrammes dans les films de sorcières. Le genre qui sert à invoquer une créature étrange ou à se téléporter dans un endroit inconnu. Ça l’intrigue, mais l’adolescent n’est pas assez stupide pour essayer de dessiner un de ces cercles bizarres. Par contre, cela lui fait penser qu’il s’était téléporté une fois auparavant, ça lui était arrivé par mégarde et il n’avait plus jamais essayé. Et si ... ? D’un bond, Billy se lève en renversant un cahier dans sa brusquerie qu’il ignore totalement. Il y a un espace derrière sa chaise où il vient se placer. Il ferme les yeux et c’est le vide intersidéral. Il soupire avant qu’une arrière-pensée constante vienne prendre place à l’avant de son esprit. Il n’a pas eu de nouvelles d’Aisling depuis la crise, il ne sait même pas si elle est toujours vivante. Sa gorge se noue juste à l’idée qu’elle ait pu mourir également. Billy commence à apprécier sincèrement les Strange, bien que touché d’une crainte de les perdre eux aussi, mais il connaît Aisling depuis toujours, elle est spéciale pour lui. L’affaire est réglée, le garçon est résolu, il va rendre une petite visite à sa sœur. Une profonde crainte de tomber sur une tombe anonyme lui noue l’estomac. « T’es vivante, t’es vivante, t’as pas le droit de n’pas l’être. »

L’apprenti arrive à rassembler une concentration exemplaire qui aurait pu rendre fier Stephen. Il inspire et est coupé dans son expiration tandis que l’environnement change et tout disparaît. Tout, même le sol. Billy n’a pas le temps de comprendre qu’il est en train de chuter qu’il a déjà atterri douloureusement sur quelque chose de dur. Il gémit et se tourne sur le ventre pour constater qu’il y a un écart entre lui et le sol. Il ne flotte pas et pourtant, il ne touche pas le sol. C’est quoi ce binz ? C’est beaucoup trop étrange et puis... Elle est où, la ville ? Le lycéen regarde autour de lui, se mettant dans une position assise tout en tournant sur lui-même et constate qu’il est à la montagne ? « Ooook, j’crois que c’est certain que j’sais pas où j’ai atterri. En tout cas, ce n'est clairement pas New York. » Il réalise soudainement la stupidité de son geste et se prend la tête. « Oh, il va tellement me tuer. » L’apprenti magicien doit vite retourner en arrière, maintenant. Il ferme les yeux et... Impossible. Il se sent vidé, comme si son énergie avait soudainement disparu. En fait, il ferait honte à Clea s’il ne comprenait pas où son énergie était partie et ça le fait flipper, car il avait dû voyager tellement loin pour être vidé à ce point. Car la magie a toujours un prix. « Ok, ooooook, tout va bien, on panique pas, tout est coooool. » Rien n’est cool, mais il doit se l’imaginer pour ne pas paniquer. « Essayer de rentrer par moi-même, sinon... Ils vont me trouver, pas vrai ? » Lentement, il glisse de la plateforme invisible sur laquelle il a atterri et foule ce qui semble être une grande plaine, d’ailleurs ça caille ici. Il regarde de tous les côtés, cherchant une direction à prendre. Chaque côté se ressemble, vide, vide et encore vide ! « Eh oh, ya quelqu’un ?! » En tout cas ya de l’écho. Billy s’amuserait avec s’il n’était pas perdu au milieu de nulle part. « Même l’esprit du grand rocher, quoique ce soit, mais que quelqu’un me réponde .. ! » Ca lui apprendra à faire de la magie tout seul, grand malin...

ASHLING DE LIBRE GRAPH'

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Ais' & Billy & Pete

Le décor est vraiment époustouflant. La nature, les montagnes, un désert d’humanité laissant à la nature ses droits. Billy apprécierait bien plus les paysages s’il n’avait pas des priorités plus urgentes. Comme trouver qui que ce soit pouvant l’aider à trouver la première étape pour ce qui va être un long voyage de retour vers New York. Rien que le fait de trouver quelque chose de vivant semble nécessiter un long périple, une situation décourageante laissant le jeune apprenti désemparé pour décider de son premier mouvement. D’un regard perdu, il tourne un dernier coup sur lui-même avant de s’effondrer sur un rocher à quelques pieds de sa position. Sa tête tombe dans ses mains, ses cheveux s’emmêlant autour de ses doigts et il se demande si Wong a remarqué son absence. Un rire amer quitte ses lèvres, évidemment que Wong a remarqué, il a dû remarquer au moment même où l’étudiant a quitté les limites des protections du Sanctum. Combien de temps avant qu’il prévienne Clea et Stephen ? Va-t-il les prévenir d’ailleurs ? Peut-être qu’il va le laisser se débrouiller, car c’est bien Billy qui s’est foutu dans cette merde. Il mérite totalement de rester dans sa galère et d’en sortir par ses propres moyens. Bien qu’un coup de main du destin ne serait clairement pas de refus. Il a vraiment hâte de rentrer chez lui, mais en même temps, il n’a vraiment pas hâte de faire face à ses mentors, à son oncle mentor et au clébard. Il imagine déjà son accueil, le jugement, la déception, la perte de confiance et la reprise de l’entraînement sous mutisme.

Perdu sur la marche à suivre, Billy tente d’imaginer les sages conseils que lui offriraient ses mentors. Après une bonne beuglante ou un regard noir et un soupire de déception, Stephen prendrait une inspiration coupée par Clea qui n’aurait pas le temps d’attendre la fin de sa dramaturgie, bien qu’elle lui donnerait un de ces regards qu’ils se partagent tout le temps entre eux. Billy sait, Billy a vu. Elle serait probablement déçue aussi, sa déception étant une chose qu’il ne supporte pas, ni celle de Stephen. Après avoir poussé le lycéen au fond de sa culpabilité, les deux adultes lui diraient peut-être d’économiser sa force et de s’aventurer de façon logique et éviter de faire des efforts inconsidérés poussant son état à l’épuisement et à la mort la plus probable dans cette situation. De ce fait, après réflexion, il décide d’attendre sur son rocher, laissant sa magie se reconstituer tant bien que mal sans carburant, car sans un véritable repos et sans nourriture, il lui est assez compliqué de reprendre suffisamment ses forces pour un voyage retour. Bien qu’en théorie, le premier trajet s’est passé dans un flou d’instinct pur et de panique. C’est déprimant à réaliser, mais il est probablement incapable de réaliser le même exploit une seconde fois sans risque un incident magique dangereux pour sa propre sécurité. L’adolescent est maladroit, pas idiot. Il a fait ses recherches magiques, il a vu tous les Harry Potter ! Et finir comme Ron n’a absolument rien d’attrayant.

Quelque chose se rapproche, la démarche est familière, c’est humain ! Son cœur accélère d’anticipation, il se lève en se retournant pour voir une vague de cheveux roux et ressentir un corps venant enlacer le sien. Serait-ce... ? « Aisling ? » Sa respiration se coupe sous l’effet de l’émotion et il s’accroche désespérément à elle, ses mains attrapant des poignets de son vêtement supérieur, son visage venant se réfugier dans sa nuque comme un enfant. « J’ai cru que t’étais morte ! » Il se rassure dans son étreinte, dans son corps chaud, vivant, son cœur battant. Qu’est-ce qu’elle lui avait manqué ! Les Strange sont géniaux, sévères tout en étant accueillants, mais ce n’est pas comparable. Il s’agit de sa sœur, celle qui l’a vu grandir, une personne faisant parti de sa vie depuis bien avant son souvenir le plus ancien. Elle a toujours été présente et cette récente longue absence lui a pesé autant que la mort de sa famille. D’ailleurs... « Je ne suis pas là en vacances Ais’... » L’adolescent la laisse rompre l’étreinte, bien que sa main lui démange de récupérer un bout de sa manche, stressé par la perte de contact. Si ces dernières semaines lui ont bien appris une chose, c’est qu’on peut être séparé de ses proches bien plus subitement qu’on est disposé à le croire. « Je te cherchais, je ne supportais pas l’idée que tu ais disparu toi aussi... » La boule habituelle lui monte à la gorge comme à chaque fois, mais il canalise sa peine et s’empêche de pleurer. Le garçon n’est plus seul, c’est ce qu’il se répète tout le temps, sans Aisling, il a les Strange et maintenant, même sans les Strange, il a toujours Aisling. Les choses pourraient être encore pires...

Nerveusement, Billy frotte ses mains sur les côtés de sa tunique bleu et noir. Un vêtement auquel il s’habitue toujours, un tissu agréable et une souplesse bienvenue lors des entraînements. Le concept de magicien est bien plus réel dans une ambiance décalée de la réalité. Elle l’interroge sur le Jour et l’apprenti détourne les yeux, hanté par une guerre pour laquelle il n’était pas préparé et la douleur dans laquelle il baigne toujours. À court de mot, il mord sa lèvre et secoue la tête. Il n’en parlera pas, il n’est toujours pas prêt. Il arrive à peine à en parler avec Clea après un mois d’amadouement et encore, quand il ne se bloque pas comme à présent. Trop fragile. Soudain, l’adolescent réalise qu’ils ne sont pas deux en tête à tête, mais bien trois avec un inconnu. Ravalant ses émotions, il attrape timidement la main tendue et serre doucement pour rendre la formalité. « Billy Kaplan, Aisling est ma.. » Il jette un regard vers elle, des années de cette relation fraternelle, mais toujours le doute sur l’appellation de cette dernière. « C’est ma nounou. » Finalement, son côté taquin ne peut s’empêcher de faire une apparition au milieu de son carnage émotionnel. Après coup, il réalise le "enfin" déclaré et cligne des yeux comme un hibou. « Elle a parlé de moi ? » Il fait d’une voix surprise. Il ne pense pas qu’elle le cache, mais il ne pense pas qu’elle parle de lui non plus, c’est juste sa sœur et il est complètement satisfait de cette relation. « Au fait, qu’est-ce que tu fais ici ? D’ailleurs, c’est où, ici ? » Y’en a qui sont venu par des moyens conventionnels, puis y’en a qui transplanent à l’aveuglette, comme un jeu du chat et de la souris dans un circuit d’égouts dans le noir.

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