Oops I did it again. ○ Spidey

Ah, le Grand Retour. Certains ont vu en cet évènement le moyen de faire amendement de leur passé, de leurs erreurs et travers. Tout recommencer à zéro en mettant son passé derrière eux, changer pour le mieux. Un peu comme ces résolutions qu’on dit vouloir faire, d’une année sur l’autre mais en plus violent. Grand bien lui fasse, Felicia n’a jamais suivi cette tradition et son retour en 2019 ne rime pas avec changement. Ou plutôt si mais pas dans le sens que souhaiterait sa mère qui, n’approuve pas du tout le style de vie de sa fille. Tout comme elle n’approuvait pas celui de son mari, elle ne peut rien faire à par voir son unique enfant lui échapper toujours un peu plus chaque jour. Feli lui a déjà fait l’affront de se faire passer pour morte pendant quatre longues années. Quatre ans à se rendre sur deux tombes dont l’une était vide sans qu’elle ne le sache. Officiellement, Felicia Hardy est toujours morte à l’âge de vingt-deux ans, des suites d’une chute des plus tragique dont personne ne pouvait la sauver. A part elle-même et sa résistance extraordinaire ainsi qu’un mental… Perturbé et opiniâtre. Parfois trop. Alors non, Felicia ne compte pas se ranger, jeter son costume de Black Cat à la poubelle afin de reprendre ses études comme Lydia le lui a suggéré. À la place, elle entend bien reprendre ses bonnes vieilles habitudes et aussi -mais surtout- attirer une certaine araignée entre ses griffes. La blonde ne devrait pas, devrait lutter contre cette étranger sensation qui l’a traversée les deux fois où ils se sont croisés -dont une a bien failli être fatale à la jeune femme- et qu’elle préfère assimiler à l’adrénaline plutôt qu’à un autre sentiment. Son plan doit être parfait. Infaillible. Sans la moindre fausse note.

Sélectionner le lieu parfait n’a pas été chose aisée et il était hors de question qu’elle se contente d’une bijouterie de bas-étage, elle vaut mieux que ça, largement mieux. Son amour pour l’Art l’a poussée à choisir un musée. Mais une fois encore, lequel ? New-York est loin de manquer de ce type de lieu et elle a longuement hésité entre le MoMA et le MET pour finalement se tourner vers ce dernier. Quoi de mieux que l’un des plus grands musées d’Art du monde ? Comme avant chacun de ses cambriolages, la blonde prend le temps de se rendre sur place, pour repérer les lieux, observer les rondes de la sécurité en fin de journée. Elle aura passé des heures à surveiller les moindres faits et gestes du personnel, ne se laissant que peu de temps pour finalement admirer les oeuvres sous son nez. Elle aurait toute une nuit pour le faire et un musée entièrement vidé de ses badauds et touristes encombrants, bruyants, bref, insupportables. En plus de cela, ajoutez les plans du bâtiment gracieusement fourni par un de ses nombreux contacts dans le milieu de la pègre contre dédommagement et Felicia se retrouvait avec le plan parfait. Ne restait plus qu’à le mettre à exécution.

Elle s’étire longuement au milieu de la pièce réservée à ses exercices quotidien. Telle une gymnaste avant une compétition, elle prend le temps d’échauffer ses muscles quand bien même ils n’en ont pas besoin; elle a gardé ce vieux réflexe qui a tendance à l’aider à faire le point, l’apaiser. Après une dernière caresse sur le crâne poilu de son chat noir répondant au doux prénom d’Onyx, elle quitte le duplex dans lequel elle loge depuis son retour et ce, grâce à un compte en banque extrêmement bien fourni. Officiellement, elle a hérité de son père, officieusement… Elle s’est allègrement servie dans les banques, bijouteries et collections privées qui lui faisaient de l’oeil. Felicia n’est plus maintenant qu’elle a revêtu sa tenue de Black Cat ainsi que sa perruque blanche sous laquelle elle dissimule ses cheveux blonds. Couleur qui est également à l’origine d’un conflit entre la mère et la fille, tout comme la combinaison noire bien trop moulante aux yeux de Lydia Hardy.
Avec une aisance affairante, Black Cat passe de toits en toits en direction du MET, situé à seulement trois blocks de son appartement. Facile d’accès, rapide à rejoindre. Vraiment, Felicia a fait du bon boulot. C’est avec la même facilité qu’elle parvient à déverrouiller une porte de service à l’arrière du bâtiment principal et à se glisser dans les couloirs du musée. Première chose à faire : rejoindre la salle de surveillance pour neutraliser le garde et repérer tous les autres. Il n’aura rien vu venir ou sentir, l’aiguille s’est enfoncée dans sa nuque avec douceur et le tranquillisant a fait effet immédiatement; bonne nuit, Robert. Une fois le garde bâillonné et attaché, Felicia s’installe à sa place, prenant son temps pour repérer les gardiens restants. Dix au total. Eparpillés un peu partout et jamais ensembles. Beaucoup trop facile. A croire qu’ils cherchent à se faire cambrioler.

Aussi silencieuse qu’un félin, la voleuse leur tombe dessus les uns après les autres jusqu’à ce qu’ils se retrouvent tous dans un placard à balais, à dormir. Feli a beau être une voleuse, l’usage de la violence, c’est uniquement en dernier recours et pas contre des badauds qui n’ont aucune chance. Il n’y a qu’à voir Robert, probablement diabétique et 20 kilos en trop. Faites-le courir sur dix mètres et il vous fait une crise cardiaque… Vous parlez d’un garde. Pendant de nombreuses minutes, Felicia erre dans les différentes salles, profite des oeuvres sans avoir à jouer des coudes pour s’en approcher. Elle perd un peu de temps avant de finalement passer à autre chose en venant passer sa main devant l’un des détecteurs de mouvement juste devant une oeuvre de Monet. L’alarme silencieuse s’est enclenchée. Il ne tardera pas. D’un pas presque guilleret, Feli se rend jusqu’à la section d’Egyptologie, grimpe en haut du temple reconstitué d’Isis de Dendour et patiente. Elle profite de la vue à travers la verrière, des lumières de New-York et du calme qui règne dans le musée. Il est là. Elle le sait. Son sang bouillonne dans ses veines mais elle garde toute sa contenance.

« Long time no see, Spider-Man. » Lance-t-elle avec un sourire en coin.

Black Cat tourne la tête en direction du héros, le regarde des pieds à la tête.

« How long has it been ? Four years ? Mmmh… Elle prend un faux air pensif. Yes, since that night where you left me for dead. That was quite a fall, you know. Pretty painful too. »

Ses pieds se balancent lentement dans le vide alors que les souvenirs de sa chute lui reviennent à l’esprit. Elle ne se souvient pas avoir jamais fait l’expérience d’une douleur physique aussi intense qu’à ce moment là et pendant les moins qui ont suivi.

« Are you going to arrest me ? I haven’t done anything wrong… Yet. »

A part de s’infiltrer dans un musée en pleine nuit et assommer tous les gardiens. Détails. Puis Robert ne se souviendra de rien.

Ses jambes continuent de se balancer au-dessus du vide, elle est confortablement installée sur la réplique du temple égyptien, et malgré l’obscurité dans laquelle est plongée la salle, Felicia n’a aucun mal à le voir s’approcher. Si avant son accident elle devait porter des lentilles spéciales afin de pouvoir y voir dans le noir, depuis l’acquisition de ses pouvoirs, la blonde n’en a nullement besoin, sa vision étant maintenant aussi précise que celle d’un félin. Un avantage. Ses pouvoirs n’ont que des avantages bien qu’elle ne soit pas en mesure de contrôler consciemment le plus important mais le principal est qu’il lui permette de toujours s’en sortir… Aux dépends des autres. M’enfin Felicia n’a jamais été une grande altruiste, ses intérêts passent en priorité ; elle n’a pas réellement de limites et n’en veut pas. Ses grands yeux observent l’araignée qui s’approche lentement, accroché au plafond, à plusieurs mètres au-dessus de Black Cat. Elle remarque la couleur de son costume, où sont donc passés le bleu et rouge du si célèbre costume de Spider-Man ? Ses sourcils se froncement très légèrement, préférait-elle les couleurs flamboyantes ? Peut-être. C’est la dernière chose, la dernière personne que son regard a capté avant de s’effondrer sur le sol poussiéreux après avoir été mortellement blessée par une des sentinelles d’Ultron. Alors quand elle pensait au super-héros, c’est forcément la même image qui s’imposait dans son esprit, qui l’émoustillait bien malgré elle.

« I could say the same to you. Répond la voleuse en arborant un sourire en coin. However, what happened to your old one ? Not that I don’t like the new one. »

D’un air faussement détaché, Feli hausse des épaules alors qu’il commence sa descente, accroché à une de ses fameuses toiles. Personne ne s’attendait à la voir survivre, pas même les médecins l’ayant prise en charge cette nuit là. Sûrement était-elle un peu morte, cette nuit là et l’accident aura eu le bénéfice de pousser la jeune femme s’impliquer d’autant plus dans son rôle de Black Cat, une fois sa dépression surmontée. Plus ou moins.

« Let’s say I forgive you. Being dead was surely better than being in jail. »

Elle ne peut néanmoins s’empêcher d’avoir un léger rictus quand elle entend son prénom sortir de la bouche de Spider-Man, elle n’aime pas qu’il l’utilise, n’aime pas non plus qu’il puisse connaître sa véritable identité dont elle aimerait bien se débarrasser entièrement. Felicia n’a rien d’intéressant, c’est une jeune femme perturbée et blessée qui n’a jamais réussi à se libérer de ses démons intérieurs. Black Cat par contre… C’est autre chose. Pleine de confiance, de charme, talentueuse, elle bien plus à offrir que Felicia Hardy. Tellement plus. Si vous lui demandez son avis, elle ne veut surtout pas savoir qui peut bien se cacher sous ce masque noir, derrière l’alias de Spider-Man. Elle n’a pas envie de découvrir l’homme sous le héros. Pour quoi faire ? Le quotidien des civils lambdas n’a rien d’excitant, n’apporte pas grand-chose à part une quelconque stabilité qui, la plupart du temps, n’est pas si effective que cela.
Elle soupire, ses traits prennent une moue boudeuse à l’idée qu’il puisse l’arrêter pour si peu. Amatrice d’Arts, croyez-le ou non mais Felicia n’ira jamais voler quoi que ce soit dans un musée. Une collection privée, par contre… Après tout, elle est un peu comme Robin des Bois, elle vole les riches pour… Pour elle. D’accord, la comparaison avec le célèbre bienfaiteur s’arrête là.

« Come on, I am just here to visit the museum. I hate tourists, you cannot fully enjoy the beauties of the masterpieces with them around. And I thought you would enjoy it too, I’m fairly disappointed. »

Les sirènes qui hurlent en-dehors du musée sont loin de paniquer la voleuse. Comme si de simples policiers sont en mesure de l’arrêter elle, peut-être auraient-ils pu mettre la main sur l’ancien Black Cat, sur la Felicia sans pouvoirs mais plus aujourd’hui. Sans s’affoler, la jeune femme continue d’observer le super-héros en se mordant les lèvres d’un air un chouïa provocateur. Feli se penche vers Spider-Man, ses mains glissent sur ses épaules, ses griffes effleurent le costume noir et blanc au niveau de son torse.

« I think you should give up… Don’t you know what they say about black cats ? They are bad luck. Les lèvres de Felicia s’arrête au niveau de l’oreille du jeune homme. And honey, I’m the worst. »

Ses lèvres continuent d’effleurer nonchalamment l’étoffe sombre durant de courtes secondes avant qu’elle ne se redresse brusquement. Par accident, la tête du héros se retrouve malencontreusement dans le décolleté scandaleux de la blonde. Non vraiment, quelle maladroite ! Elle ne pensait absolument pas que cela pourrait subvenir, ce n’est tellement pas son genre d’user de ses atouts physiques. D’un mouvement vif, elle fait tourner l’araignée au bout de sa toile, en profite pour sauter en bas du temple et quitter la pièce ainsi que la section d’égyptologie du musée.

« Do you really think you can catch me ? I have an idea, let’s play hide and seek, no cheating. » Résonne sa voix entre les murs du musée.

Felicia se déplace sans un bruit dans les couloirs du musée, sa silhouette se découpant à la lueur des rayons de Lune s’infiltrant au travers du toit vitré dont est composé la salle dans laquelle s’alignent statues grecques à la perfection effarante. N’ayant pas besoin de lumière pour y voir clair et tout en ayant un certain héros à ses trousses -ainsi que potentiellement la police-, la voleuse prend le temps d’admirer les oeuvres d’art. Elle se faufile entre les statues imposantes le plus naturellement du monde, elle compte bien laisser Spider-Man l’attraper… Un temps.