Marrow • Tas d'os

▬ Je suis désolé, je suis vraiment désolé, je voulais vous le dire plus tôt... Mais j'ai compris que vous n'êtes pas une menace, vous avez peur. Mais ne craignez rien, je vous en supplie, vous pouvez venir avec moi, vous serez en sécurité. Je... suis désolé d'avoir menti. C'était ma mission...

Je le considère, assise dans mon fauteuil. Il est à genoux devant moi. Loin d'un complexe de dieu, je ne lui ai pas imposé cette position. Il s'est soudain écrasé quand je lui ai demandé de se défendre, même si nous savons tous les deux que ça ne sert à rien. Lui qui voulait voir le Tunnel, le voilà servi. Je me mets debout puis le rejoint. Après l'avoir fouillé, nous avons trouvé une photo de lui avec une enfant, peut-être sa fille, sa nièce, peut-être un subterfuge pour donner du poids au personnage qu'il avait créé. Je plie un genou pour me mettre à sa hauteur. Tout ce que je peux lui proposer, pour être clémente, c'est de le tuer rapidement. Il semble sincère. Je pense vraiment qu'il ne voulait pas nous faire directement de mal mais qu'en sera-t-il des gens au-dessus de lui, et d'autres encore au-dessus ? Nous ne nous enfermons pas par plaisir mais pas sauvegarde. SHRICHT Je pourrais me contenter de lui crever les yeux, je pourrais me contenter de lui trancher la langue mais il saura toujours se faire comprendre pour dire ce qu'il sait de nous. Qui sait pour qui il travaille vraiment ?

Je ferme les yeux une seconde splouch splouch splouch avant d'ouvrir les yeux sur les gouttes de mon propre sang qui glissent sur le sol. Agent, qui que vous soyez réellement, je vous ai condamné à mort. J'inspire profondément, il a toujours la tête baissée. Je lui tends la main gauche, il semble rassuré. Il prend ma main, se redresse et de mon bras droit, je lui entre l'os à travers la cage thoracique. Son regard surprit m'interroge. Il a cru... Il a pensé que... Il rêvait que... J'enfonce plus profondément mon arme et un filet de sang se confond à la bave contre son menton, un peu de douleur dans ses yeux alors que ma plaie à moi commence déjà à se refermer.

Je le contourne, l'attrape par le col et le fais tomber au sol. Quelle heure est-il, que je demande à ceux qui sont présents autour de nous. Presque une heure du matin. Je hoche de la tête, il est l'heure de sortir. Je traîne le corps qui essaie de se raccrocher mollement à la vie, quelques instants, puis je traîne le cadavre. Je le traîne à travers les égouts sans me soucier de la bouillasse qu'il traîne avec lui. Elle n'a rien de particulier dans ce secteur, ils ne remonteront pas à nous mais ils sauront que c'est nous. Je l'amène à la surface et après avoir vérifié que la voie est libre, je le sors. Je claque la dépouille sur un capot de voiture, n'importe laquelle. Mes os sortent, douloureusement et viennent rejoindre ses poignets. Il tient. Je lui croise les jambes, je les cloue aussi et j'enfonce des phalanges dans ses yeux. Je considère l'avertissement et je repars chez moi.